POURSUITE DANS L'EST

04 juin 2021 – Poursuite dans L'Est

 

      Repartis sur la route depuis quelques jours, nous enchaînons les lacs, nous installant furtivement avant de remballer notre campement mobil. Les moustiques ont décidés d'enclencher leur chasse saisonnière, c'est alors par armés qu'ils nous attaquent. Un inquiétant bourdonnement en guise de fond sonore, nous faisons du feu pour l'éloigner. 

Le bain du lac matin et soir est devenus un rituel. 

L’eau couleur d'or et de flamme illuminé par l'infini couché de soleil, les picotements dans nos corps immergés, en silence, nous apprécions.

 

     Notre dernier stop est sur l'île de Hiidensaari, où nous trouvons un emplacement parfait pour y rester deux nuits. Un champ ouvert, lac au bord, toilettes à dispositions, cabane fournis en bois en libre service avec scie et haches pour le couper.

      Comme tous les soirs, nous allumons un feu majestueux dans lequel nous laissons nos âme s'y perdre.

Les mökki (cabane en bois typiquement Finlandaise) sont partout sur l'île, tous dégageant cet air de paradis, de paix, de sérénité. Ils savent comment s'mettre ienb quand même les Finnois.

Je me perd dans les chemins de l'île tous menant vers un mökki lors de mon tour en vélo, cherchant un petit coin pénard pour m'y prendre ma douche journalière. Ils ont pas d'grillage ici, à chaque coin d'arbre t'es sur la propriété d'quelqu'un. Alors je me questionne légèrement quant à l'idée de me caller sur un ponton près d'un mokki où il n'y a personne, puis peu motivée à l'idée d'me faire dégager au milieu de ma sieste, je continue ma recherche. Je m'arrête au milieu de deux rivières séparés par la route, m'installe sur la plage de celle ensoleillée. Les oiseaux chantent en freestyle, un monsieur accompagne le tout par le sons de sa tronçonneuse et le vent fait vibrer les vagues.

Il fait beau, il fait chaud, j'crois bien qu'on est en été. Ça paraissait si loin, l'été, cette sensation là, l'odeur de la chaleur, la douceur de légers pantalons caressant la peau qui ne grelotte pas. Je laisse le soleil cramer mon corps, vasy coco, envois tout c'que t'as. Je trouve ma paix au milieu de celle des Finnois, laissant l'île m'envoûter. Je vais me baigner dans la rivière de l'autre côté, « The holly river », un bon nom pour renaître lors du bain du jour. L'eau est douce, froide, mais douce. Les eaux sont presque pures partout ici. Maintenant, mon corps est de velours.

 

Velours du soir, nous trinquons en haut d'une colline, regardant le soleil disparaître dans la rivière sacrée. 

 

 

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Retour à Helsinki

 

05 juin 2021 – Retour à Helsinki

 

 

L'été s'est répandu sur la ville et ses habitants durant les deux semaines passés. Les vingt-trois degrés du bonheur sont là, l'odeur qui va avec également. Je me balade au bord des quais, tout le monde est dehors, à boire des coups en profitant de l'été qu'ils ont tant attendus avant qu'il ne reparte se cacher derrière un nouvel hivers. Je m’assoies au milieu des inconnus, buvant ma bière en m'amusant du spectacle des humains heureux. 

 

 

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L'ODEUR DU DEPART

09 juin 2021 – L'odeur du départ

 

Je me réveille au milieu de la nuit, je ne sais plus où je suis. Mon corps ressent déjà le départ, se préparant à s'envoler. Je marche dans les rues et mémorise leurs couleurs, leur formes, leur atmosphère. 

J'ai vidé mon appartement, les murs sont blancs. Blanc comme à mon arrivée, blanc avec leur histoire en plus. Je continue d'aller à l'école, jusqu'au moment où je devrais lui dire au revoir, à elle, à lui. Mon eczéma est revenus, juste comme avant de venir ici. L'eczéma du départ, mon esprit ne se plaçant nul part, mon corps en suspension entre les temps.

 

Je reste jusqu'à ce qu'il parte, puis nous rentrons en même temps, à l'opposé l'un de l'autre. Il ne m'a pas vu le regarder s'en aller. Il n'a peut-être sûrement même pas remarqué que je l'attendais, que j'attendais de me lever au moment où l'espace ne sentirai plus comme lui. « You've been my ground, thank you for that, thank you for beeing what you are », lui dirai-je peut-être. Puis je m'en remet au vent, effaçant l'histoire pour la transformer en souvenir ; éperdument amoureuse de l'air.

 

Il y a des choses que je n'ai pas écrites, que je n'ai pas racontée. Ce sont mes trésors, enfouis quelque part dans un coin secret de mon cœur. Si les secrets peuvent détruire, les miens me préservent. Mes merveilles.

 

 

Vendredi j'ai rendez-vous chez le coiffeur, je vie mes derniers instants en Svetlana, mes derniers instants à Helsinki. 

 

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VAALISAARI

11 juin 2021 – Vallisaari

 

     Nous sommes vendredi, j'ai rendez-vous chez le coiffeur. Après de longues descriptions sur le type de blond dont je souhaitais transformer mes cheveux et deux heures de coiffage, au séchage, dans le miroir.....toujours brune, avec de petites nuances plus claires. « mais elle s'fou d'ma gueule non ? », « it would be one hundred and thirty five euros please », ah la conne. M'enfin, j'me dis que c'est peut être le destin, me ramenant à moi en ne me changeant pas. Je voulais redevenir blonde afin de revenir à « Hosana », Svetlana n'étant qu'un personnage existant en Finlande, brune et cheveux courts, habitant dans le grand Nord.

 

J'ai une veste rouge et mon visage a changé.

La petite fille s'est réveillée de la longue sieste et ses chaussettes étaient douces;

Mon regard n'est plus le même, maintenant il peut voir dans l'noir, perçant la nuit par sa lueur de vie;

La petite fille elle, a créé de nouveaux liens avec son doudou presque neuf;

J'avance l'air sûr de moi, cheveux une chouille plus clair, toujours pas du tout blond, j'ai posé l'bilan.

C'est moi maintenant, elle, c'est moi, c'est nous.

La petite fille a tendu sa main à travers le miroir,

Je lui ai tendu la mienne.

« We are together now »

 

J'ai le cœur plein, l'esprit plein. Ils sont partout, en chaque partis de mon corps, ces instants tout juste vécus. Ils vibrent en moi.

 

 

Je rejoins Marguerite, Rong et Flo sur l'île où ils ont campés durant la semaine dû à un cours qu'ils ont choisis en début de semestre.

Le ferry me transporte ; la dernière fois que je l'ai pris, il brisait la glace, aujourd'hui je porte un short et un débardeur.

Je me perd naturellement sur l'île avant de rejoindre les miens. Ils avaient l'air d'habiter sur l'île depuis des mois, cramés par le soleil, sentant comme la mer. Une semaine sans eux et en les retrouvant je sent mon énergie remonter à ses sources. Comment vais-je faire pour les quitter réellement ? Nous respirons à quatre, bientôt je devrais trouver mon souffle ailleurs. Le trouver en moi, en ce moi plein d'eux.

A peine arrivée et nous nous embarquons déjà dans une petite escapade vers une plage cachée de l'île, de leur île, de leur nouvelle maison de la semaine. Ca devais être bien, de s'endormir et de se réveiller là-bas, au milieu de la nature sauvage, de la nature respectée. De s'aventurer tous les jours dans les territoires cachés qu'elle réserve.

Nous arrivons sur une plage de rochers, trois petites îles en face de nous. Avec Flo, nous décidons d'y nager, « I want to swim into an iland !!! », alors nous arrivons essoufflés sur la troisième île. « There is just one three in here, let's go see it », nous nous dirigeons vers l'unique arbre de la minuscule île, quand tout à coup, une armé de mouettes se dirigea dangereusement vers nous, « we are attack !! let's goo », elle protégeaient leur bébé, tout petit bébé mouette. L'émerveillement n'aura duré qu'une brève seconde, afin de ne pas déclarer une guerre sanglante avec les mères protectrices.

Quand l'aube arriva, nous étions les seuls humains présents sur l'île, campant au milieu des bunkers.

Nous admirons depuis les roches sur le bord de mer le soleil tomber derrière la silhouette de la capitale nous faisant face. Pour une fois, nous n'étions pas engloutis dans la grande ville, mais les géants face à elle.

Nous enchaînons la soirée par une petite balade nocturne traversant les deux îles reliés par un chemin artificiel. La deuxième étant celle accueillant la biennale d'Helsinki.

Sur notre passage, une tireuse a bière se présentais au niveau de la terrasse d'un bar endormis depuis quelques heures. Flo et moi, l'âme curieuse et assoiffée, décidons de tester les probables chances de faire sortir de la bière de cette tireuse si séduisante. Nous y plaçons sagement deux gobelets en dessous afin de potentiellement les remplir. Et madame la tireuse se révéla si généreuse qu'à son air, nous abreuvant avec solidarité. Nous continuons alors notre périple au milieu de l'île déserte, bière fraîchement servi à la main.

 

 

 

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AU REVOIR MERVEILLE

12 juin 2021 – Au revoir merveille

 

      Je me réveille au milieu des bunkers, assommée par la chaleur et des effets de la généreuse tireuse à bière de la veille. J'ouvre la tente, attrape dans une recherche aveuglée par la perçante lumière mes vilaines claquettes puis descend dans une course serrée les dix minutes de chemins menant aux toilettes de l'île. Je m'avachis ensuite sur la plage face aux cabinets, y continuant ma nuit violemment écourtée.

12h arrive, je me dirige vers l'un des deux ports pour y prendre le ferry. Après quelques dix minutes d'attente et un café à trois euros cinquante, le doute me submerge « il arriverait pas à l'autre port le bateau ? » je marche en conséquence dynamiquement vers le second port, croisant du regard le ferry rejoignant prétentieusement le port que je venais de quitter. « et merde ». J’attends une mignonne demi heure au second port un second ferry. Quand celui-ci daigna à arriver, la dame à bord plutôt pressée m'informa que « ce bateau ne faisait que déposer les voyageurs » « it's in the other port mam », et ce dédaigneux ferry s'en alla « et merde! ». Je m’empresse alors de courir vers le premier port, quant alors, dans ma course au bateau infini, je vis dans cette mer me séparant du continent, le troisième ferry s'en aller en m’insultant silencieusement, me laissant dans la douce humiliation de l’effet de trois bateaux ratés. « MAIS MERDE ». Je décide alors en cet instant d'abandon de profiter du temps d'attente du petit quatrième ferry en l’espérant doté d’empathie, afin visiter la fameuse biennale d'Helsinki se trouvant par une drôle de coïncidence, sur cette île ne désirant pas me laisser partir.

 

      Ce soir, nous feront une dernière soirée dans le salon du département de sculpture avant de partir. J'y arrive le ventre serré, lui fais mes aurevoir en m'en allant. 

 

Le taxi me ramène, je sanglote sur la pathétique radio en fond sonore. Je regarde les lumière de cette ville m'ayant accueillis, je les trouves belles. Elles sont belles dans la couleur des adieux, adoptant la poésie du départ. Elles diffusent le charme du chagrin qu'il y a au moment tragique des films, quand les cœurs se brisent avec magnificence. Agrippée à mes peluches invisibles, dans mes bras de petite fille, je lâche une dernière larme avant de sauter dans l'âme de la dame qui dans la force des moments comme ceux-ci, acquiert le regard de ceux qui ont survécus. « I'm coming home ». 

 

 

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ENVOL ET ATTERRISSAGE

14 Juin 2021 - Envol et atterrissage

                        Les derniers mots

                        Merci et aurevoir,

                        Vous, à jamais en moi

 

 

Nous sommes le 09 juillet 2021. Je n'ai pas posée les mots avant car je ne voulais pas vraiment clore l'histoire. Par attente, pour faire durer encore cette sensation, celle de six mois de vie à Helsinki. Mais je marque aujourd'hui les dernières lignes, pour concrétiser un rêve vécu. Pour finir l'histoire de Svetlana et la laisser s'en aller, pour me laisser revenir sans oublier.

 

 

     Il est 07 heure et je me lève, mon avion part à 13h22. Mes valises sont déjà fermés, prêtes à rentrer ; plus qu'à emballer l'chat et qu'à m'envoler. « On rentre à la maison nounou ».

Je prend mon petit déjeuner sur un banc longeant la mer en bas de mes blocs d'immondes immeubles auxquels mon cœur s'est attaché. 

J'attends en buvant mon café que la vie me rentre.

Marguerite, Rong et Flo viennent me chercher avec Karin pour m'emmener à l'aéroport. Dernière action tous les quatre. Nous nous serrons fort dans les bras « I love you so much guys ». La famille se sépare, je les aimes.

Nous étions presque tout ce que nous avions quand la nuit ne cessait pas, puis nous étions tout ce que nous pouvions être quand la nuit ne tombait plus.

Une gratitude sans nom pour ceux qui transforme des vies juste par leur présence. A eux aussi, je les remercie tellement d'exister. Je les remercie d'avoir été mon monde, et espère avoir été une partie du leur.

Rong me tend une lettre avant de me laisser partir, je l'ouvre en attendant à l'embarquement. Elle fait couler les larmes qui se serraient dans ma gorge en leur disant au revoir. J'essaie de respirer afin de cacher mes émotions à mes voisins inconnus. Je devais d'ailleurs être cette dame au fond de la salle, les yeux rouges d'une histoire qu'on ne connaît pas mais que l'esprit ne peut s'empêcher d'imaginer.

 

« Elle portait une veste rouge et son chat l'accompagnait ».

 

      Je devais être cette dame qui laisse transparaître par quelque larmes son once d'humanité impliquant la compassion de ceux qui par hasard, se retrouvent dans la même salle qu'elle et qui pour un instant, avant de s'envoler ensemble, partagent par un regard cet instant transitoire avant que chacun ne reprenne l'individualité qui les sépares.

 

L'avion décolle, mon cœur avec.

 

  • Do you want something to drink mam ? 

  • Do you have wine ?

  • Yes sure, it's for free today ».

 

    Elle mis ses lunettes pour camoufler le chagrin qui lui faisait créer malgré elle, quelques gouttes salées disparaissant derrière son masque. A présent, son visage ne se distinguait plus, mais on pouvais entendre penser son esprit agité. Quelques uns des voyageurs imaginaient ses yeux possiblement plus rouge que bleue regarder par l’hublot la terre qu'elle quittait, sans vraiment savoir si elle partait, ou si elle rentrait. Elle agrippa ses main au siège lors du décollage et y colla adroitement son dos tendu. Et comme si ses mystérieux tourments l’abandonnait pour le temps d’un vertige, elle s’ouvris à cet instant la faisant s’éloigner du sol, la rapprochant de ce qu’elle ne verrait probablement plus comme avant. Ses moments de mélancolie lui laissaient parfois quelques pauses où elle semblait alors invincible, puis elle revenait entre deux gorgés de vin, dans l'histoire flottant autour d’elle. Elle paraissait d’ailleurs, plus émue que triste. Ses larmes quant à elles, faisaient planer dans l’espaces quelques frissons d’émoi, ceux d’un voyage bouleversant, et dégageaient une énergie méditative, tel un lecteur tournant la dernière page de son livre. 


Thank you and goodbye, love

 

 

 

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