LA GUERRE

02 avril 2021 – La guerre

 

Marche arrière avant de prendre un nouveau tournant. Sortie des tourments, l'orage à esquivé le cœur des plantations. Jamais sans se détourner de l'horizon, les rêves voligeant partout autour des nostalgiques.

Je ne veux plus attendre, attendre que le passé s'endorme.

 

Les balades se rajoutent à nos souvenirs. Découvrant un peu plus la ville chaque jour. Longeant la mer qui se faufile au milieu des immeubles, les couchés de soleil colorant l'environ de rose et de doré.

Balade dans les marécages, les roseaux s’enflammant presque sous les rayons du soleil. Des chemins sur l'eau entre les murs d'or.

 

Cet enfoiré de covid semblant terroriser plusieurs des habitants de ce pays à atteint Levytie. Bataillant déjà auparavant pour aller y travailler, car n'étant pas une étudiante passant son diplôme à la fin de l'année, l'accès aux ateliers de métal et de bois se limitent. Quelques nouveaux petits ennemis se dessinent dans l'atmosphère de Levytie, notifiant ma présence avec mécontentement. Mais je ne laisse pas ces regards m'abattre, écoutant dans leur silence le jugement de futiles frustrations. Lors d'une discussions avec un professeur, il m'annonce explicitement que « ma présence dérange ». Menant alors rapidement mon enquête sur la source de ces dires, je m'en vais confronter les dérangés de ma présence. D'abord avec des projets d'exterminations de ces individus, ou de dynamitage potentiel de ce terrain d'hostilité, je décide de ne pas foutre le feu à Levytie mais de déposer pacifiquement à leur égard et avec sincérité mon incompréhension désireuse de vouloir être sollicité directement plutôt que par le biais d'un professeur. Mes mots alors rigoureusement déposés devant ma nouvelle ennemie, restaurent la paix que son manque de confrontation aurait su perturber. Je me m'excuserai pas de vouloir travailler dans les ateliers auxquels j'ai droit. Mais maintenant que qu'un cas a été « détecté » là-bas, l'accès aux étudiants ne passant pas un diplôme à la fin de l'année est complètement fermé. C'est donc dans le bâtiment de Kuva que nous nous rapatrions, sans réelles possibilités de travail n'ayant pas les machines nécessaires. Je rêvasse donc sur le canapé en attendant qu'une lumière vienne diriger mes projets. Je peint quelques conneries pour décharger mon énergie, puis discute longuement avec l'un de mes camarades, questionnant ensemble notre cher monde avec philosophie.

 

Mais les bâtiments de Kuva sont carrés et blanc, peu de fenêtre pour faire respirer l'esprit. Ma vue est bouchée, je ne peux pas faire voler mes idées si je suis face à un mur sans âme. Me tape le crâne cette verticalité. 

 

 

SVT - XXXX


Exposition furtive


KUVA

13 avril 2021 - Kuva

 

Le temps s’arrêta entre les murs de l'école ; les fenêtres trop hautes pour laisser le jour se faire sentir ; la blancheur des murs perturbée par les travaux entassés dans le couloir. Entre rêves et tentatives de peintures, entre attente et repos, entre méditation et recherche de belles pensées, entre déception et excitation. La porte s'ouvrit et ma motivation remonta. Je ne quitte plus ces murs, me laissant à la dérive du temps, abandonnant l'extérieur. Chaque rideaux séparent les mondes de chacun, cachés dans le même espace, isolés en s'écoutant discrètement vivre. Quelques têtes apparaissent de temps à autre, notifiant la présence des âmes qui èrent, « hey », puis se rapatrient dans leur cabanes d'idées. Des univers trop timides pour s'unir, mais qui une fois en collision, fusent et réinventent leurs perspectives.

Je réinvente la mienne.

 

J'ai appelé le destin, comme à chaque fois que la solitude me pèse, « je n'en veux plus », prête à avancer, prête à dire bonjour aux êtres qui sauraient me donner un peu de leur beauté. Ainsi doucement, la beauté s'est faite sentir, discrètement, elle à murmuré dans mes oreilles que l'onirisme deviendrai réalité. Et je ne rêva plus, marchant dans l'éveil. C'était la plus douce des siestes, la plus froide aussi. Les nuages ont soulevés mon corps tout l’enfonçant dans leur densité impalpable. Confusion, suis-je encore en lévitation ? La tempête m'a réanimé, coulant dans la passivité puis foudroyée, je ne cesse de renaître.

Est-ce ainsi que l'on reste en vie ? En oubliant notre existence, oubliant de se rappeler ce qu'est la réalité, oubliant de se le demander aussi. Est-ce ainsi ? En fermant les yeux si fort, en bâtissant des murs de foutaises, et plongeant dans les noirceurs de l'esprit, puis sans prévenir, s'est sûrement en se faisant percuter par un train regorgeant d'existence, nous emportant avec les fenêtres ouvertes, puis nous expulsant au cœur d'un nouveau monde, loin de celui que nous pensions connaître, que l'on reste en vie. Loin des foutaises, à la rencontre de nouvelles vérités ; au cœur des trésors cachés de l'infini. S'oublier quelques instants puis se réveiller ailleurs.

La vie a changé hier. J'ai cru la sentir me prévenir, m'envoyant les signes les plus subtiles; j'ai cru apercevoir à quelques coins de rues mon nouveau visage, me fixant lors d'une éternelle seconde ; j'ai cru apercevoir mes yeux, posés sur un banc ; j'ai cru apercevoir mes sentiments dans le cristal d'un verre de blanc puis s'écraser dans celui d'un cendrier.

J'ai secoué ma tête, interrogeant la lucidité au milieu d'une balade sans destination. Coupant alors mon regard de l'horizon, je le ramena à mes pieds, sentant la terre grouiller en dessous, le ciel exploser au dessus.

 

 

J'ai un faible pour les apocalypses. Un faible pour la lenteur des actions qui vont si vite que l'on ne les vois même pas arriver. Un faible pour le silence des explosions. J'aime imaginer la fin du monde du haut d'une terrasse, cocktail à la main. Sifflotant telle les niais heureux, une olive dans mon martini. J'aime la poésie dans les tragédies. J'aime l'instant précis où l'humain se retrouve dépossédé de tous ses biens, j'aime plus précisément l'instant où en se baladant les mains dans les poches du seul jean qu'il lui reste, il se remet à regarder le ciel. 

 

 

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VERT ET DES VERRES

19 avril 2021 – Vert et des verres

 

Les nuages n'ont pas eu le dernier mot. A l'heure où tous dormaient encore, le soleil était déjà là, buvant son café depuis plusieurs heures. Illuminant la nature pour les absents.

 

Pour la réouverture des bars, les humains s’enivrèrent jusqu'à ne plus maîtriser quelconque stabilité qui soit. Bégayants dans un fou brouhaha, renversant leurs verres partout autour de leur table, table elle-même déjà imbibée de plusieurs litres de bières. Et comme à mon habitude, je regardais cet amusant spectacle depuis ma sphère solitaire. Invisible au milieu des retrouvailles.

La température ressembla de plus en plus à celle du printemps, et dans un déni du froid, nous nous baignâmes dans l'eau glaciale, bronzant sous les timides degrés.

Les gens semblent un peu plus heureux, un peu moins timides, visage sous le soleil et yeux amicaux, ils diraient presque « bonne journée » aux étrangers s'ils ne préféraient pas la distance. Mais je me contente de leurs regards reconnaissants pour les beaux jours.

Après s'être battus durant un long hiver avec la nuit et le froid, l'herbe est redevenu verte.

 

 

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TOUPIE

25 avril 2021 - Toupie

 

Dans l'une de nos enrichissantes conversations, je mentionna combien il était intriguant pour moi de les introduire. Trouver quelque chose à dire. Ayant l'étrange impression de ne jamais réellement savoir quoi dire, préférant le silence aux foutaises inutiles. Alors quand je n'ai pas le sujet qui mènera les mots vers de nouveaux univers, je garde mes yeux ouverts et installe mon silence. Ne gaspillant pas mon énergie pour prétendre avoir ma place dans une conversation dans laquelle je n'appartiens pas. Préférant me mettre en retrait et écouter, jusqu'au moment où j'aurai quelque chose de plus à apporter. Ils y a certes bien de beaux sujets qui parcourent mon esprit, ils n'ont juste parfois pas leur place au milieu de deux cafés.

 

Mais ses mots à lui enjouaient les miens, débattant pendant des heures sur les mystères de nos esprits, sur leur construction, et sur leur aspirations. Et le monde semble avoir cette étrange ironie de faire entrer deux mondes similaires en collision pour ensuite leur dire qu'ils n'ont pas le droit à l'attachement. Chaque monde nécessaire pour son univers, partis pour un bref voyage, appelés à rentrer au moment annoncé. Tu n'iras là-bas que pour partager et découvrir, pour t'enrichir, pour prendre un bout de ce à quoi tu ne pensais pas. Mais l'attachement sera seulement dans tes souvenirs, tu rentreras avec ton esprit, et laissera les autres mondes retourner eux aussi, aux univers qui les appellent, aux univers auxquels ils appartiennent. Un au revoir de plus, rangeant secrètement tes pensées de possession dans la case de ton esprit qui ne contrôle ni tes mots, ni tes actions, les laissant ainsi à la rêverie. Détachant sentiment et raison, pour faire fonctionner les mondes correctement. Sans déficience d’égoïsme.

 

Et la bienveillance demande sincérité, sincérité avec soi avant de la donner aux autres. Maîtrisant les démons des tourments qui veulent remonter jusqu'au cœur de l'esprit, tentant d'en prendre possession, faisant tourner mille fois en lui les doutes qui poussent les hommes dans les cyclones de leur propre folie. Puis c'est en se rappelant que ces démons ne sont pas tout ce que nous sommes, qu'ils sont simplement cette infime partie semblant prendre tant de place, impressionnante par les artifices et les cris, sautant plus haut que les autres, mais au final, ridiculement insignifiante face à la clairvoyance qui sur les foutaises des ces démons de tourments, reflète l'image de leur absurdité, de leurs propos infondés, de leur tentatives de victimisation de l'être quand il n'a pas l'énergie nécessaire pour combattre ses propres pensées. Esprit confus discerne difficilement ce qu'il faut garder ou rejeter, distance et méditation pour distinguer. Puis, mettre en pratique ce qu'il a été retenus. Action sur pensées. Ne plus vivre dans l'onirisme est sûrement la plus difficile des parties.

 

 

J'aime tant nager dans mes rêves, regardant la pluie tomber sur les humains ennuyés par leurs vêtements mouillés.

 

Si facile de remplir son esprit d'improductivité, de le laisser couler sous les opinions qui nous sont balancés dans la gueule. Si facile de trébucher dans un faussé de merde. Je me retrouve parfois au fond de l'un deux, alourdissant mon cerveaux de tonnes de séries aux messages inexistants, alourdissant mon corps de sucre le clouant dans les délires de la paresse. Puis je me rappelle.

 

Je rentrai sous la pluie qui me fascinait tant, prenant un dernier détour au cas où je n'étais pas encore entièrement trempée. Puis songeant à ma vie, mon parcours, mes rêves et faux-pas, je pris le dernier tournant. Je m'arrêta dans un parc, une passerelle sur la mer pluvieuse. Et tout en remerciant la poésie de l'instant, je laissait mes yeux vagabonder dans l'horizon d'un paysage qu'ils quitteraient bientôt. C'était beau, d'être là, au milieu d'un espace entouré d'étrangers, où la seule étrangère ne semblait d'ailleurs n'être que moi. Inconnue dans le quotidien de chaque. J'aimais ça, ne pas vraiment être qui que ce soit entre de mes délires de grandeur. J'avais l'impression qu'ils me regardaient, les gens. Peut-être mon ego gonflait parfois les choses. Tous ces yeux sur moi, alors que tous leurs yeux étaient sur tous. Dur de se rendre finalement compte que je n'était pas le cœur de l'histoire. Une simple protagoniste se baladant au milieu de ce que tous créaient sans moi. Du mal à m'impliquer. Sachant qu'une fois rentrée dans le processus d'engagement, il n'y aurait plus de retour possible.

Et la grisaille recouvra encore une fois la confusion de mes sentiments, farouche et apeurée, c'est la pluie qui me consola.

« Tu vois, tu n'es pas la seule ici à tomber. Nous tombons tous ensemble pour nous régénérer plus tard. Ça fait partie du système. Même si le mot de système te semble étranger, un jour, il signifiera peut être quelque chose » tenta de me faire entendre la pluie.

Je n'avais pas peur d'eux, de tous ces gens défiant mon jugement inattentif. J'étais plutôt curieuse entre les moments où je ne semblait ne m’intéresser à rien.

Le même chemin tous les jours, jusqu'à ce que je ne quitte encore une fois le quotidien qui s'introduisait doucement. Un dernier regard sur l'arrêt de bus, une dernière balade dans le parc, une dernière cigarette devant l'école, puis je tourne le dos à un chapitre de mon histoire, dirais-je dans un peu plus d'un mois. Mais que ce passe t-il maintenant ? Presque totalement ancrée juste avant le départ, les relations s'étendant dans un cœur ne sachant plus qui porter. Je t'aime puis m'en vais. Un merci de mon âme, un merci de mon cœur, once de gentillesse avant de retourner regarder les gens de mon regard hostile qui au fond n'est que fascination envers ce à quoi il n'appartient pas.

 

 

 

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