AME COUCHEE

 

02 février – âme couchée

 

Réveil éreintée, il va falloir faire des choix. Comme chaque jours, prendre des décisions. Les plus petites qui finissent par nous définir. Mais aujourd'hui je n'arrive pas à choisir. Je reste des heures le regard se promenant dans l'espace, essayant de communiquer avec mon cerveau.

Deux heures après être sortie de la douche je ne sais toujours pas comment m'habiller. Pourtant je n'ai qu'un pantalon et des pulls noirs. Ma dégaine de n'importe quoi, emmitouflée sous des kilos de fourrures et de chapkas. Mais je commence à en avoir marre de ressembler à un animal polaire, à une russe refoulée, cherchant une identité qui n'existe pas. Je sors fumer une clope sur mon balcon enneigé mais ensoleillé pour une fois, tellement habitué aux ciels plombés que quand le bleu se montre s'est moi qui suis embrouillée.

Journée d'absurdités, je décide de me laisser arriver là où mes pieds me mèneront. Prendre à droite ou à gauche ? Je continue tout droit. Je m'arrête à la station de métro qui m'inspire de plus. Je sors, reste immobile au milieu de la blancheur qui m'entoure, je n'arrive même plus à faire le choix de ne plus choisir.

Trois minutes au milieu du trottoir, je mange un affreux croissant en ne me demandant absolument rien. Mon âme ne s'est pas levée ce matin.

 

Notre petit groupe se resserre, à la fin du mois un part en Laponie. Tout au Nord, au village des trois frontières, Norway, Sweden and Finland. Je vais pouvoir tourner bêtement autour des trois pays, trois pays en trois secondes. Là-haut, tout au nord, tout au froid. Dans une cabane sans voisinage, juste la forêt, la neige et des lacs. Je vais pouvoir aller skier en Laponie, peut être voir les aurores boréales. Si proche de réaliser mon rêve. Après ça je n'aurai plus qu'à en trouver un autre. Un rêve tous les trois ans, passer ma vie à les réaliser. Un bon programme pour mon futur.

 

Je ferai ce que mon cœur m'inspire,

quand je le sent battre si fort pour une idée,

alors je sais

que c'est par là

je suis constamment là où il faut que je sois

ma place semble juste

je ne frustre pas mes rêves en les barricadant dans la vastitude de mon esprit,

je me donne les moyens de me placer quelque part dans le monde

puis laisse la vie m'arriver

honnête avec mon honnêteté,

ce que je veux je l'aurai.

Si les étoiles ne brillent pas dans le ciel,

alors j'allume toutes mes guirlandes et sors les bougies

artifices lumineux

astres de ma volonté.

Si rien ne m'anime,

alors je laisse les gens vivre à ma place.

Si le silence me pèse,

alors j'appelle les anges à chanter.

 

  • - Pourquoi est-tu là ?

  • - Pourquoi serais-je ailleurs ?

 

 

 

SVT - XXXX

 

 


POUSSIERE DE FEE

 

07 février – poussière de fée

 

 

Loin de tout, loin de moi? Quand tous nos repères s'effondrent, il ne reste que nos cœurs pour nous définir. C'est alors avec nous-même qu'il faut s'engager.

La nuit parfois m'éteint. Il fait froid et je dors.

La flamme Marseillaise semble déjà bien loin derrière, pourtant plus présente que jamais dans mon cœur. Je me rattache à vous quand j'ai peur.

Tout recréer, soi, les relations, les habitudes.  Ce soir je lâche la larme qui n'est pas sortie depuis des mois. Celle que j'ignore car elle ne me semble pas justifiée. Mais pourquoi m'empêcher ? Pourquoi vouloir la renfermer ? Cacher cette partie de l'histoire ?

J'ai eu une belle semaine, mais ce soir j'ai froid. Je pourrai partager la beauté du sentiment qui explose dans mon intérieur quand je traverse la mer, la douceur de la poussière gelé qui fait scintiller l'atmosphère, la découverte des forêts enchantés, les panoramiques dominant l'horizon de blanc. Je pourrai partager l'euphorie des nouvelles rencontres, du confort d'une nouvelle école avec pleins de canapés pour s'y asseoir et y boire des bières en échangeant sur nos parcours, nos projets, nos histoires et nos idées. Je pourrai partager l'ironie des chasse-neige qui se battent avec les flocons qui ne cessent de recouvrir leurs efforts. Le bonheur d'arriver le matin à l'école et sculpter le modèle vivant devant moi pour tout la journée « I'm not se bad at it ». Avoir des idées qui fussent avant qu'elles ne s'épuisent. M'arrêter au milieu de mes balades et regarder, le large, le grand froid, sentir que mes manques peuvent courir sur les kilomètres de glace devant moi, sentir que mes peurs ne sont que l'obscurité qui vient toujours bien trop tôt et si facilement chassés par quelques rayons de soleil.

 

J’apprends, aime et admire,

parce qu'entre ma joie d'exister et mes démons,

il y a mon silence.

 

Il faut que ça sorte alors j'écris. Et parce que je me suis promise l'honnêteté je la donne. Sans ces marrés de doutes, je n'avancerai probablement pas. Je manque juste un tout petit peut de vos chaleurs. Vous me manquez. Vous me manqueriez certainement bien moins si je n'étais pas si loin, mais l'idée de vous est ce qui me réconforte, avec ma Lizzie et ses grands yeux verts, son nez rose, me regardant avec interrogation avant de venir se blottir contre moi. C'est dans la douceur que je me rétablie après des secousses de doutes.

Mais sans inquiétudes mes tourments ne sont plus si puissants, car j'ai repris le contrôle de mes pensées il y à bien longtemps.

 

Je vous vois,

Tourments qui veulent ma perte,

Mais vous ne m'aurez pas,

Vous ne m'aurez plus

Aujourd'hui je me lève et brille,

Car mon cœur est pur,

Purgé de ses peines

A bannis ses destructeurs,

Aujourd'hui je sais avec certitude,

Que mes doutes ne sont que le fruit de ma fatigue,

Toujours ailleurs,

ce n'est jamais là,

me disent mes peurs.

Tu n'es pas de ceux qui reste,

mais n'arrives jamais nul part,

quelque part en lévitation,

observant les humains s'aimer, rire et se haïr,

mais tu n'es pas comme eux,

toi tu cherches quelque chose dans le ciel,

quelque chose qui te fais peur,

quelque chose que tu voudrai ne jamais trouver,

mais que tu as déjà en toi

Alors je pars,

m'en vais,

ferme les yeux, respire, et bannis ces pensées,

celles qui tournent sans arrêt

celles qui ne disent rien,

et si je relie ces mots,

ce sont bien ces fameux tourbillons sans fond

qui saccagent ma tête inutilement.

Mes pensées ne me définissent pas.

Souvent elles se battent

Entre brouilles, philosophies, poésies, introspections, futilités

Entre ambitions, rêves et fictions

 

 

  • - My phone died today.


L'ILE

 

08 février – l'île

 

Nous rejoignons l'île en bateau. Bateau navette qui brise la glace pour avancer, épaisses, les vagues sont presque solides, tel un velours de magma, mais ici il ne brûle pas, il gèle.

Quelques maisons se battent dans ce petit bout de terre, les habitants n'aiment pas avoir un voisinage trop près d'eux, alors ils se séparent par quelques kilomètres de mer. Sauna au fond du jardin, les lampadaires éclairent la neige d'une couleur rose. Les terrasses sont recouvertes par la neige, comme à peu près tout ici. 17H et la nuit tombe, l'hiver recule, pourtant il fait chaque jour un peu plus froid.

Les rayons du soleil transpercent les nuages au loin, mais pas la glace. Les lumières de la ville se reflètent de milles feu sur la mer endormie quand la nuit tombe. Les couleurs dansent entre elles sur la piste hivernale avant de bientôt disparaître pour  un été qui abandonnera ses artifices.

 

Hier mon téléphone m'a lâché, mort, décédé, je l'ai fais tombé et il s'est brisé la nuque, paralysé. Petit détail sans importance m'a gâché la journée, frustrée, parfois il ne suffis que d'une goutte pour faire remonter mes marées noires. Envie de haïr le monde, envie de m'isoler à des kilomètres loin de lui. N'est-ce pas déjà là où je suis ? A des kilomètres du monde bruyant, seule et entourée d'espace sans personne dedans.

 

Aujourd'hui j'ai alors fais réparer mon cellulaire pour l'humble somme de 150 euros. « Four hundred and fourty nine euros mam » « four hundred and fourty nine euros ???! » « yes, he will be ready in one hour, you want to repair it ?» « do I have a fucking choise... ».

 

- Fuck my life

 

Vie impossible sans téléphone, même pas capable de me réveiller, même plus possible de savoir quelle heure il est, coupé du monde. Pas appris à grandir en sentant simplement la lumière qui dis midi, l'orientation et le bon sens qui mènent à bon port, utiliser une carte pour se déplacer. Pas appris à communiquer pour se donner rendez-vous sans plate-forme virtuelle, pas appris à écouter les sons de la ville quand il n'y a pas de musique pour la camoufler. Quelques jours tous les deux ans à peu près, quand le destin ordonne aux téléphones de mourir avant d'être si vite remplacés, réparés pour l'argent que je ne met même pas dans des produits alimentaires de qualités, je réapprend à vivre sans l’omniprésence du virtuel. Sans ce monde qui n'existe que dans l'air, que dans ces petits boites qui obstruent l'horizon. Désorientée avant de réapprendre à vivre comme un être humain proche de ses sens. Cette année j'aurai tenue 24h avant de me reconnecter. Mon souffle se coupe quand on m'arrache ce monde virtuel des mains « I can't see ».

 

Toujours mon téléphone dans les mains, pour chacun de mes déplacements, même pour aller aux toilettes, il me rassure. Pas pour autant que je répond quand on essaie de me contacter, je suis même terrible à ça. Mais j'aime l'idée de sentir tout ce qu'il se passe dans un si petit objet juste entre mes doigts, sentir tout un monde grouiller, aller si vite sans même se déplacer. J'aime l'idée de pouvoir changer une vie du tout en au tout en simplement envoyant un message, de pouvoir se foutre bêtement dans la merde lors des œuvres d'ivresses en envoyant les mauvais messages, plongeant le réveil à suivre dans de drôles de regrets. Ma règle d'or « ne communique jamais avec personne par téléphone si tu as bus » rien de pire. J'aime les objets pour la philosophie qui se reflète à travers eux. Et le téléphone s'avère être l'un des plus complexes, un objet qui parle, un objet qui organise ou détruit une vie, un objet qui permet de voyager ou qui barricade, un objet qui étend des visions ou qui détruit tout bon jugement.

 

il juge à notre place, ils jugent à nos places, tous ces gens qui parlent derrière leurs écrans, tous ces gens qui se taisent quand ils sont dehors. Nous avons appris à communiquer autrement. Est-ce la bonne façon ?

 

Magie et terreur selon son exploitation, encore une fois, tout dépend de quelques choix, quels sont les bons ?

 

 

 

SVT - XXXX

 

 


KIPPIS

15 février 2021 – Kippis

 

Le café est dégueulasse, tout le monde à la tête rouge. Rouge de froid, il fait beau, il fait -10. La neige durcis, tassé sur la mer par les passant qui on créés un chemin pour rejoindre l'autre rive. Quant à nous, erasmus, testons tous les bars, une bonne excuse pour se rapprocher.

 

Je reste tard à l'école parce que le matin commence à midi. Mes rêves me bercent jusqu'à atteindre les quatorze heures de sommeil dont j'ai cruellement besoin, puis doucement, je me laisse diriger vers le type de journée qui saura le mieux refléter mon humeur. 

  • Je vais m'attaquer à la céramique.

Beaucoup d'heures pour réfléchir, « qu'est-ce que je fou ». Quelque part ailleurs de mon monde, je me questionne sur celui qui m'attend, comment le rejoindre ? Quelle est ma place dans l'espace ? Mon rôle dans la ville ?

Passagère contemplative,

j'immortalise les passants,

les instants.

Je sculpte l'horizon de projets,

dessine mes désirs dans la neige.

 

J'ai coupé mes cheveux, soudainement plus légère. Nouveau manteau pour aller avec ma nouvelle dégaine, je marche dans la ville comme si elle commençais déjà à être mienne. Ma place dans l'espace.

Quand réalise t-on ce que nous vivons ? Ne sont-ce pas les souvenirs, les histoires, le fait de le partager qui rendent le tout concret ? Si je suis seule dans mon donjon, puis-je reconnaître mon existence ? Je pourrais mille fois faire le tour de la pièce, avoir tout à dire sur elle, sa chaleur ou sa froideur, la lueur qui passe par le petit bout de fenêtre, puis la peur qui arrive quand la nuit tombe, rendant l'atmosphère chargé d'imaginaire. L'esprit pourra toujours se balader dans tous les sens, ne jamais se lasser entre les heures d'ennuis. Mais est-ce réel s'il n'y a personne pour acquiescer ou contredire ? Personne pour écouter, puis pour transmettre? Les idées existent-elles si elles demeurent endormis? 

Les souvenirs sont personnels jusqu'à ce qu'ils deviennent nos plus belles histoires, nos plus grand enthousiasmes lorsque qu'entre deux verres de blanc, quelques amis et les bons mots, nous choisissons le pouvoir de recréer un voyage. 

 

je me suis réveillé et ta présence dans mon rêve m'a tenus compagnie toute la journée,

la lumière était belle, elle était bleu

jusqu'à ce que la nuit tombe encore,

chaque jour un peu plus en retard,

appelant néanmoins quelques chaleurs d'ivresses

puis j'ai rejoins les nouvelles âmes qui m'accompagnent,

ensemble nous créons le nouveau monde,

celui de nos souvenirs

celui qui épanouis nos échanges,

libère nos idées.

Quelques solitaires dans le fond,

solitaire que je fus et demeure

lorsque je repars

 

  • j'ai vécu ça, ils étaient tout.

    Voyage complet quand les ponts se rejoignent,

    je viens d'un petit bout de terre, essaie de faire tenir toutes celles que je rencontre dans ma mémoire, alors j'écris, comme ça rien ne se perd, et si je transforme par la suite l'odeur,

    les ingrédients seront inscrits. L'idée des temps passés.

 

 

 

 

SVT - XXXX


CECIE

16 Février 2021 - Cecie

 

       Journée au café pour écrire. L'une de mes activité préféré. Assise au milieu d'inconnus, sentir leur présence sans les approcher, les regarder échanger sur des vies à quelque mètres de la mienne. Mais finalement ils me distraient, tous ces gens, alors toujours dans le coin le plus enfouis que je trouve dans les espaces proposés, je leur tourne le dos et regarde l'olivier à l'intérieur qui ne sais pas vraiment ce qu'il fait ici. Mais les couleurs vont bien ensemble, le soleil anime mon verre de blanc.

      Qu'ont-ils à faire ? Tous ces gens ; se déplaçant pour rejoindre leurs buts, ils savent. Moi, préfère me demander perpétuellement.

Souvent, la bonne combinaison d'éléments dans l'instant me suffit. De quoi écrire, de quoi dessiner, un carnet pour les idées soudaines, de la musique, un peu d'alcool, un espace visuellement appréciable, la bonne lumière. Je prend constamment mes bases, nécessaire d'instant appréciable, le monde remplis le reste par les détails qui ouvrent de nouveaux possibles de situations.

Des opportunités partout, chaque jour devant nous, laquelle saisir ? Passer à côté ? Parfois ce sont elles qui s'imposent. Est-ce que j'irai chercher ce qui ne m'attend pas aujourd'hui ? Vais-je ouvrir les portes de l'infini ? Ou simplement déduire les potentialités d'une situation devant moi, si je vais vers elle, ou vers lui, j'irai là-bas. Mais que sais-je sinon rien, encore, toujours, ce fameux rien.

Parfois, je percute les éléments, rentre dans l'univers qu'ils renferment secrètement, visite un peu de ce qui ne m'appartiens pas, puis le garde en moi pour toujours, parfois, je me contente simplement d'observer les gens qui s'agitent. Passive, je serai discrète et n'interférerai que peu avec vous aujourd'hui. Je ne suis pas venu ici pour causer des dommages dans vos routines. Moi, ma routine se résume à habiter quelque part, avoir un endroit où aller, des possibles manières de créer, puis de laisser le hasard faire le reste, ou l'imagination de mon esprit d'aventurière. Tout dépend aussi du nombre d'heure de sommeil qui précèdent mes journées. Si peu, je tenterai de ne pas exploser d'irritation. Si assez, je tenterai de ne pas exploser d'excitation. Il m'arrive parfois de me balancer justement entre mes pôles.

 

 

Précieux instants parfaits, nombreux vous êtes, il faut juste vous trouver, vous créer, vous honorer. Pour toujours sacrés, jamais oubliés.

 

     J'ai choisis la liberté, avec tout ce qu'elle implique. Me réveiller avec tous les choix devant moi, rien ne sera comme hier si je ne le désire pas. Douce angoisse quand je ne sais pas quoi faire, puis me rappelle que c'est la vie que je veux. Maîtresse de mon destin, je ne manque rien. C'est ainsi que je travaille à mon bonheur chaque jour. Alors je peux me consacrer à mes projets avec tout mon être. Je suis consciente, ne rêve pas à des kilomètres de cette terre mais en plein cœur de ce qu'elle propose.

 

  • Et quels sont tes projets ? À part tes beaux discours sur la vie ? Comment la nourris-tu ? Ou bien te contentes-tu simplement d'absorber tout ce qu'elle donne sans donner en retour ?

  • Je tente de faire la transition. Comme beaucoup d'entre nous. Travailler avec corps, formes et lumière. Mais ce dialogue m'emmerde, je pourrai baratiner des kilos de conneries sur mon approche artistique et ce que je tente de transmettre, mais préfère le montrer pour de vrai. Sinon je vais repartir dans des théories philosophiques qui n'ont rien à voir avec ce que mes sculptures sont. Ou mes peintures, ou tout le reste. Ça m'emmerde de me justifier, ça m'emmerde de parler. Pourtant si on me lance j'ai du mal à m'arrêter. Y'en a, des choses à dire, tellement je me me fais des croches-pattes, oups, pas par là. Je fais. Faut que j'écrive sur mon carnet si je veux parler de mes projets, ici j'ai du mal, comme si ça n'était pas le bon sujet, le bon endroit. Au café j'écris que ce la vie m'inspire, là, je vais aller à l'école, parce que je me suis embrouillée la tête à me questionner, et écrire sur ces putains de projets.

  • Byebye

  • Mais au fait, c'est moi mon projet. Cette Svetlana, surnommée Cecie (prononcé tsetsi) et la faire vivre. 

  • Et que vie t-elle? 
  • ta gueule esprit

 

 

SVT - XXXX


ET MERDE

18 février 2021 – et Merde

 

Derniers jours difficiles. J'ai perdu le contrôle de mes pensées, elles me dominent. J'essaie d'en tirer le meilleur, de les remettre en question, de travailler sur ce qui me dérange. Mais un sentiment d'insécurité s'est installé. Je cherche à retrouver mes bases partout, à vouloir me définir comme la personne que j'ai toujours cru être, celle que je fus. Automatisme à ne pas vouloir se laisser partir, automatisme à ne pas vraiment vouloir découvrir ce qu'il y a de plus enfouis ou ce qu'il y a d'autre. Je commence à comprendre, ce pourquoi je suis venue ici. Le changement m'arrive. Et pour cela, il déconstruit peu à peu ce qui a été, éloigne des bases, dégage le terrain, un vrai chantier. Alors ma tête bouillonne. Je cherche à trouver des réponses, vouloir fuir mes peurs en les réconfortant d'artifices, vouloir me trouver en me costumant différemment. Je blâme mes fringues de merde, pense que de ne pas vouloir m'habiller comme je le voudrai m'oppresse. Je ne peux pas m'exprimer si mes vêtements ne reflètent pas mon état d'esprit journalier. Alors je traîne dans les friperies, me dis qu'avec cette super nouvelle petite veste j'irai sûrement mieux.

  • Ta gueule hosana, or whatever is your current name

Au moins ça ne me coûte pas cher, mais une petite once de honte m’accueille quand je paye quand même, « et comment tu vas ramener toutes tes conneries hein? ». « superficielle ». mais je cherche à m'auto-justifier face à ma conscience qui vois bien que ça n'est pas la solution. « mais elles sont quand même chouettes ces petites vestes..... ». le plus ironique est certainement aussi que tout le monde s'en tape ici, de ce que je porte, non pas que je porte quoi que ce soit pour être reconnu comme tel ou tel, n'est-ce pas, ego d'tes morts.

Et puis merde, merde la neige qui fond des toits, formant des goutasses qui tombent sur ma clope tout juste allumé, merde ces non dits, « you don't have to wear the facemask, but you should », alors j'le met par flemme d'être dévisagée, telle une criminelle, "gosh... she doesn't wear it..". Merde cette dame du supermarché à côté de l'école qui me juge en silence à chaque fois que j'achète ma bière du jour « shame.... ». merde, moi qui en aie marre de porter vingt kilos de fringues et qui décide de mettre juste un petit sous-pull, comme si cela allait couvrir les -20 degrés. Merde, ma peau qui brûle, qui gratte, merde, ma fatigue insupportable, mon irritation sans cause, mon insécurité quand je perd l'attention. Et merde, moi qui chouine pour des broutilles quand le pays qui m'accueil à plus que de quoi remplir tous les cœurs. "what is inside mine? full of  ghosts."

Ah et ! Merde, moi qui oublie de réserver le lave-linge juste avant de partir en Laponie pendant dix jours, Merde, moi qui sais pas comment bien laver mes tonnes de nouvelles super petites fringues à la main, mal lavés, mal essorés, balancé dans le sèche linge ( qui lui thank god était disponible ) comme s'il allait absorber l'eau, mais non, non, c'est pas vrai, que quand le vêtement dégouline, il sèche en 60 minutes.. et Merde, moi qui dois étendre mes 150 nouveaux petits remontant de moral à tous les coins de mon appart, parce que j'ai pas assez de place sur l'étendoir. Et Merde, moi qui vais en conséquence, devoir faire ma valise pleine de fringues trempés et qui, certainement, infesteront la voiture de l'odeur de chien qu'elles dégageront. pas de problèmes particuliers envers les chiens ceci-dis. 

Mais en tout cas, le sauna c'est cool, les verres de vin à 9 balles pas tellement par contre. Marcher sur la mer c'est cool, mais pas « l'humidité » dans mon nez qui gèle. Boire du whisky c'est cool, pas besoin de dire ce qui l'est moins au réveil, « what the fuck did I do again last night..... ». Les super chouettes nouvelles petites vestes c'est cool, penser à commencer les ramener, moins. Être loin pendant longtemps c'est cool, manquer ses ptits potes un peu moins. Boire des bières c'est cool, quand elles sont bonnes, c'est mieux. Faire ses courses c'est déjà chiant, alors jamais comprendre ce qu'il y a écrit sur le « produit » (je haie ce mot, produit, produit, ça sonne comme un mot stupide, wtf is a damn p-r-o-d-u-i-t ? bref), ne pas comprendre ce qu'est cet abrutis de produit, c'est définitivement très chiant, la semaine dernière, j'ai cru acheter du poulet mariné, mais l'odeur en le cuisinant ma vite fais comprendre que c'était de la putain de morue, et MERDE.

 

 

 

SVT - XXXX


LAPLAND

 

20 février 2021 – Lapland

 

J'y suis, dans mon rêve. Un long somme éveillé, fabuleux décor.

Après deux jours de route et beaucoup d'arbres, nous finissons par arriver dans le mökki. Cabane dans la forêt sans eau ni électricité, toilettes à 20 mètres dehors.

A notre arrivée, la cabine est totalement gelée et Lizzie grelotte. Sur le trajet, elle regardait les arbres par la fenêtre, petite satisfaction personnelle d'avoir amenée mon petit chat avec moi en Laponie, découvrir le monde ensemble.

  • Dégager l'entrée pleine de neige,

  • Renter du bois pour le faire sécher,

  • allumer le feu de cheminé pour réchauffer la cabine et nos corps tremblants,

  • remplir des sceaux de neige pour les faire fondre, pour pouvoir boire, faire la vaisselle et se laver

  • Faire du feu dans le poile à bois dans le sauna

  • Boire de la gnôle pour avoir chaud plus rapidement.

 

Il fait sombre, allumons quelques bougies pour deviner les environs, il fait froid, rassemblons les chaises devant la cheminée, il n'y a que la forêt et un lac autour, racontons nous nos histoires. Nous sommes au cœur de la vie, chaque action est nécessaire.

 

Chacun choisis naturellement sa mission. Après m'être dis que de finir les bouteilles de gnôle n'était peut être pas la plus efficace des tâches pour la survie de chacun, je décide de m'occuper du sauna.

 

 

 

 

SVT - XXXX


 23 février 2021 

 

Perdus au cœur du mode de vie Finlandais, celui qui les a fais et vu grandir, celui qui leur a appris à comprendre la nature.

Des kilos de neige sur les arbres ; l'environ est noir et blanc. Le soleil quant à lui, ne nous accompagne pas. Il juste fais une rapide apparition matinale avant de repartir se cacher derrière la grisaille. Et je ne cesse de fixer le ciel à la recherche désespéré d'éclaircis, les aurores boréales se cachant sûrement au dessus des nuages. Je les imagines danser, si près de moi sans être capable de les voir.

Un petit tableau est accroché dans la cabane, c'est une photo d'aurores boréales, mes yeux s'y reposent quand les nuages écrasent mes rêves. Les pieds brûlants devant le feu de cheminé, bientôt l'heure de la bière et de ranger mes espoirs dans ma poche.

Les toilettes sont à 15 mètre de la cabane, dans une autre petite cabane. Les 15 mètres sûrement les plus longs de l'histoire. C'est donc avec des couvertures de courage que le soir nous parcourons l'hiver pour rejoindre les cabinets.

Sur le trajet des wc, je me bat avec les flocons qui menacent la bougie qui m'éclaire d'extinction. Si elle s'éteint, il n'y aura plus que moi, la nuit, la neige et ces sombres toilettes. J'arrive au bout d'un très long moment à destination, bougie en vie. Je la pose au sol, elle éclaire les rondins de bois qui m'encerclent et qui couvrent les toilettes. Porte ouverte avec vu sur les arbres; faire caca dans la forêt; sauf qu'au lieu de mettre de la sciure de bois pour des toilettes naturelles, c'est bel et bien dans un sac plastique que nous chions. L'activité de faire ses besoins personnels deviendra quelques unes de nos meilleures discussions. Une sourie habite cette cabane à caca, quelque part, quand se montrera-t-elle ? Petite peur qu'elle vienne taquiner nos fesses aux moments les moins opportuns.

Je retourne dans la cabane de vie timidement éclairé. Nos rires l'habitent, au cœur de la forêt, du monde naturel, loin de celui qui court en hurlant telle une folle à chat. Néanmoins, ici, la folle à chat semble être moi.

Après un repas plein de légumes pour mes plus grands tourments personnels, transformant mon corps pollué de malbouffe en un outils très fonctionnel, au transit en excellente condition m'offrant alors l'opportunité d'aller effectuer mes besoins quatre fois par jours dans le film d'horreur de ces toilettes lointaines, nous nous rendons dans le sauna mal chauffé. Pas froid, pas chaud. Au bout d'un moment à balancer de la neige sur les pierres qui après coup, nous font nous rendre compte que cela éteins le feu plus que ne nous chauffe, la température est momentanément décente. Nous nous roulons dans la neige en sortant pour nous laver. Corps brûlant, je suis un pyjama à nouveau. Après le sauna, nous restons des heures devant le feu de cheminé, nus sous nos serviettes, à boire l'alcool du soir et à parler pendant des heures dont la majorité sur nos récentes anecdotes aux toilettes. Rong nous parfume de ses gaz, elles aussi dois mal digérer cette histoire de toilettes. Vodka finis, temps de rejoindre nos lits sur la mezzanine enfumé par la cheminé.

 

 

 

SVT - XXXX


RAUHA

 

24 février 2021 - Rauha 

 

Réveil, feu de cheminé et tartines de beurre. Un pot de beurre par jour pour enrichir nos pommes d'amour. La journée se lance calmement au rythme de la forêt, silence perturbé par nos beuglements quotidiens. Lizzie, elle, nous guette du haut des escaliers de son mignon petit air de psychopathe.

Une fois équipée de tonnes de fringues et d'une combinaison de ski faisant le triple de ma taille, nous partons vagabonder dans les environs Laponiens. La neige nous arrive à la taille, parfois jusqu'au coup si nos pieds s'enfoncent dans les mystérieuses profondeurs enneigés. Avancer est un rituel, un pied après l'autre, pas d'une lourdeur incontestable. Nous arrivons au lac, marchons dessus sans différencier la terre de l'eau, ici t'façon tout est blanc. Le seule indice indiquant la présence d'un lac est l'absence d'arbres. Chacun s'avachit lourdement dans la neige pour créer de confortables sièges. Se relever aussi est un combat, je tente de mettre une main « au sol » pour prendre appuis, sauf que le sol est à un mètre sous la neige, je m'enfonce en conséquence avec mon bras dans les abysses, bouffant cette pure blancheur dans la gueule. Après de longues minutes à batailler ridiculement avec la neige et la gravité soudainement bien trop présente, mes deux jambes arrivent à accomplir de me tenir debout. Et merde, faut avancer maintenant. Et c'est repartis, un pas après l'autre, chacun un peu plus enfoncé, chacun un peu plus dur à soulever, je m'écroule de fatigue et de mauvaise fois, me marrant bien de la situation toutefois. « leave me there ». Je créé un nouveau siège de paresse, fume une clope, mes petits doigts dans l'air glacial. Une fois ma cigarette finis et ma main brûlante, je la range dans mes moufles et reprend la bataille.

 

Après quelques heures de paresse passive et contemplative au coin du feu, nous partons a Kolari « ville » a 40 minutes du mokki. Une ville sans habitant, le silence et la neige dominent ici comme partout d'ailleurs. Les gens hibernent sûrement au coin de leurs cheminés, à attendre que le soleil revienne. Bientôt la fin de l'hiver, il fait froid et il neige.

Nous faisons quelques courses et le plein de gnôle puis repartons nous enfoncer dans la forêt par les chemins sinueux enneigés. Je slalome avec la voiture qui ne cesse de déraper sur tout ce verglas, suis son mouvement, la rattrape quand elle vise les barrières de neige sur les côtés.

 

Rangeons les courses et faisons à manger,

rallumons le feu et chauffons le sauna,

remplissons les sceaux de neige pour les faire fondre et se laver avec.

Buvons et réchauffons nos cœurs.

« who's walking to the woods ?

It's the naked winter bear ».

Nouvelle chanson devenue notre hymne.

 

Flo nous apprend à cracher du feu,

la dame de flamme illuminant la neige,

lumière dans l'ombre.

 Quand le soir tombe,

la vodka s'ouvre,

réjouis dans un cadre magnifique,

cette vie est-elle réelle ?

J'ai franchis les frontières de la Laponie avec mon rêve dans les bras,

ici nous nageons ensemble entre les arbres de cotons.

Emmitouflée de toutes mes couches de fringue,

le froid ne m'atteint plus.

 

Après le sauna nous partons en expédition nocturne, éclairés par la lune. Je traque le ciel encore chargé de nuages, pas d'aurores ce soir non plus. 

 

 

SVT - XXXX


LA CEREMONIE

 

26 février – la cérémonie

 

Je suis presque au bout du monde, au bout de mon monde, mes rêves volent autour de moi, je les fait sortir par mes doigts, s'agiter dans l'espace pour m'y déplacer plus aisément. L'euphorie m'entoure et je me sent entière. Ici je suis tout ce que j'aurai pu être, le temps n'existe plus, il n'y a que nous et la nature, nous et le silence, rauha, la paix. Les arbres veillent à nos bien-être, branches presque invisibles, habillés de blanc. L'horizon ne se devine pas. Nous somme au cœur de notre vastitude. Rien ne nous attend nul part, alors nous ne pressons rien, vivons selon ce que nos corps demandent et ce que nos cœurs nous disent. L'harmonie règne dans notre petite cabane.

 

Ce soir, c'est la cérémonie. Chacun s'apprend une « qualité ». Flo nous apprend à cracher du feu, Marguerite le backpack kid dance, Rong la belly dance, moi le twerk. Nous devrons combiner tout ça ce soir en chantant l'hymne du « Naked winter bear ».

Je créé un parcours dans la neige à l'aide de pèles, de flo et margrite. Un labyrinthe dans lequel je nous imagine courir tel des allumés, éclairés par des flambeaux et nos folies, crachant du feu en twerkant. « c'est quoi leur del aux chelous là ? », pas d’électricité alors nos imaginations s'enflamment elles aussi. Le feu nous conduit. 

 

Quelques aurores boréales se manifestent pâlement, se différenciant malaisément des nuages, « ben merde alors j'suis déçue ça ressemble à des nuages ces conneries », avec quelques formes intéressantes néanmoins, c'est ce à quoi je me rattache quand le vert flamboyant ne semble être qu'un lointain fantasme en cet instant. Mais je ne lâche pas pour autant le ciel des yeux, prête pour lui, prête pour quand il le sera aussi. 

 

 

SVT - XXXX


DOUCEUR

 

25 février 2021 – douceur

 

      Réveil les pieds au chaud, le mokki commence enfin à avoir une température correcte. Nous ne grelottons plus trop loin du feu.

Petit déj et kilos de beurre, absence totale de pensées devant la cheminé, couches de fringues pour aller fumer, angoisses pour aller chier, excusez le vocabulaire msieur dames, mais c'est vraiment une sacré histoire ces toilettes. Je n'ai jamais autant fais attention à mes besoin personnels, à ces instants, car au fond de cette petite cabane si loin de la notre, l'enfer de la digestion devient roi et guette nos fesses dans le froid. Le sac plastique recevant nos déjection se remplis bien trop vite, il faut le remplacer, mais je garderai ce protocole secret, de sombres instant ce sont passés.

Une fois la paix rétablis, chacun vie doucement. Je m'entraîne à cracher du feu, puis rong me familiarise avec la calligraphique de sa langue. J’apprends à écrire nos prénoms en Mandarin.

Nous dessinons à l'encre de chine, Xenia dors sur le canapé, flo décède sur la mezzanine, Lizzie ronfle quelque part aussi, ou bien nous observe d'un coin bien protégé. Il neige de lourds flocons, il va falloir sortir la voiture du chemin avec précaution.

 

     La nuit tombe et le dîner truffé de légumes se prépare. Je me tiens prête à mon poste, devant la cheminé bière à la main, aller-retour vers le sauna pour rajouter du bois dans le feu, je veux faire exploser la température ce soir.

Marguerite sors fumer une cigarette, quand tout à coup, chacun perturbés dans nos tâches respectives, entendons « guyyyyys there is some little nothern lights ! ». Alors, Flo lâcha brusquement tous les ustensiles de cuisine qu'il avait dans les mains, abandonnant la mixture de légume attendant malicieusement de danser avec mon transit plus tard dans la soirée, dérape sur un bout de tapis à la façon d'un excellent cartoon, déplace le banc et cogne la table contre le mur. Une main se tend vers Rong pour prendre appuis sur elle, elle-même s'affolant déjà pour trouver des chaussures et sortir dehors. Quant à moi, dans la même folle recherche de chaussure, me fait à mon tour percuter par les deux phénomènes affolés derrière moi. C'est donc dans une douce panique, tête cogné contre la porte, que je prend les premières chaussures à ma porté, une sandale et une botte de taille 45 à moitié troué; Rong abandonne cette histoire de chaussures et sors pieds nu dans la neige. Flo lui, continue son slalom avec tous les obstacles de la cabane avant de trouver la porte. Une fois tous dans l'essouflement des épreuves tout juste vécus, nous nous précipitons de balancer nos regards dans le ciel, et alors.. encore ces putains d'aurores blanches se confondant avec les nuages. « yes but I told you they where small... ». M'enfin, je m'en contente, essayant de scruter la subtile nuance de vert dans ces aurores pâlottes, analyse leurs formes. Je sent qu'elles ne sont pas que des nuages, je sent qu'elle pourraient s'animer à tout moment, sortir de leur timide blancheur et emballer le ciel. Alors je passe le temps de ma cigarette et d'une nouvelle bière la tête en l'air, le corps dans le froid, et les pieds mal chaussés. « I believe in you little ones.. come on, show me what you've got ». Elles ressemblent à de vieilles dames fatigués, plus la force de briller, les temps de bals déchaînés sont fanés, quelque part dans les temps passés. Où se trouve donc votre jeunesse, votre délicatesse ? Je vous attendrai, je sais qu'au fond vous n'êtes pas les ancêtres, mais les nouveau-nés, pas vraiment nés. Les tempêtes solaire ne vous ont pas encore animés, mais vous n'être plus très loin maintenant, faites briller mes yeux de petite fille émerveillée au fond de sa cabane en Laponie, accompagné de son petit chat, et d'pleins d'bières, oups, plus si innocente finalement.

Flo, une fois déçu de tant d'excitation ayant faillis causer de bons trauma-crâniens à lui même, Rong ainsi qu'à moi, saccageant proprement la cabane pour simplement voir ces conneries de nuages, retourne s'occuper de mon enfer en cuisine. Quant à moi, m'acharne avec les bûches de bois dans le sauna « mais tu vas cramer toi !», allez op, 5 bûches dans le petit poil à bois, on va voir s'il nous fait pas transpirer celui-là.

 

Après la digestion des légumes et mon corps en bien trop bonne santé que je tente d'atténuer avec quelques uns de ces doux breuvages alcoolisés, il est l'heure d'aller tester ce fameux sauna qui se prépare depuis quelques heures. Je sors la première pour juger rapidement mon travail et tâter la température. Je suis donc à poile car ici pas d'maillot de bain dans le sauna, sortilège. En lançant un bref regard vers le ciel avant d'entrer afin de surveiller ces fœtus boréaliens, je remarque rapidement que ce fœtus semble s'être bien développé, traçant une longue ligne dans le ciel. Cette ligne s'élève, se colore et « ohhhhhhhhhhh putain guys guys guyyyyys fuck fuck fuck come on she's there she's living it's not a damn cloud anymore!!! ». Tout en beuglant à poile dans la neige, les couleurs s'affolent et les formes s'agitent de plus en plus vite et « guuuuuuuuuuuuuuuys come onnnnnnnn damn damn she's theeeeere !». Une fois mes cris ayant atteint l'autre bout de la Laponie et l'équipe entière à poile dans la neige, l'aurore prend une couleur verte fluo dessinant avec beaucoup de grâce et de pudeur de magnifiques slaloms. Elle s'agite jusqu'à partir furtivement, allant danser ailleurs. Mon regard l'admire fuir avec émotion, entre voix cassée corps grelottant et larmes presque aux yeux, mon cœur s'agite de bonheur « ah ! J'les ai enfin vu ces connes ahah ! », mais pardon, comment pourrais-je insulter tant de grâce, merci mesdames, merci. Et qui est-ce qui pour réjouir cette satisfaction et réchauffer ces corps grelottants a préparé un sauna digne de ce nom ? Vive moi ce soir, vive moi, nous, la vie et les grandes dames du ciel. 

 

 

SVT - XXXX


SKI EN LAPONIE

 

 26 février 2021 – Je vais skier en Laponie.

 

     Le réveil sonne matinalement mais m'en fou pour une fois, j'me lève. Aujourd'hui, je vais skier en Laponie ! Oh oui c'est bon ça, de se lever le matin et d'aller réaliser son bon vieux rêve « j'veux aller skier en Laponie » disais-je déjà quelques années de çà, et ben aujourd'hui les gars, « je vais skier en Laponie ». Je sautille partout, surexcitée et bien couverte de milliards de vêtements, parée pour l'aventure.

Je monte côté passager dans la voiture et gère la playlist certainement dans la souffrances cachés des autres passagers, mais je veux danser, crier et chanter, aujourd'hui, je vais skier en Laponie bordel ! Cette phrase en boucle, mon cœur qui bat, on y va. Flo me met une musique de son pays qui dis « aller skier » Schifoan – Wolfgang Ambros, et je répète le refrain avec enthousiasme même si je baragouine n'importe quoi « chiiiiiifonne , shclu chu chu tcha gugux, chiiiifon » « yesss love this song ! », je suis à des milliards de pourcents d'énergie.

Une heure de voiture, jusque là tout est toujours pareil dehors, des arbres et la route, sauf que les arbres semblent un peu plus enneigés, l'environ une chouille plus blanc. Puis d'un coup, la voiture semble escalader les paysages, une pente, on monte et oh my dear god, mes rêves sont vraiment cool, mais alors en vrai ils sont encore mieux, est-ce possible ? Les arbres sont recouverts de lourds tas de neige, de givre accumulé, ils ressemblent à des géants venus d'une autre planète. Pourtant bien ancré au sol, racine enfouis, cachés sous les profondeurs. Les arbres d'ailleurs, paysage extraterrestre, je vole. « mais putain d'bordel de merde mon doux seigneur oh non mais sa grand-mère là c'est fouuu», quand l'émotion me prend trop vite j'en oublie que personne ne comprend mon français douteux à part Marguerite qui rigole parce que 90% de mes mots sont des insultes ou bien des phrases incohérentes.

Irréel, tout est givré, le froid n'a rien épargné. Le vent est de glace, brouillard dominant, on n'y vois pas à deux mètre devant.

        Personne ne sais vraiment skier c'est donc en solitaire que je m'aventure dans les montagnes Laponiennes. Chaussures aux pieds, ski en main, pass dans la poche, je prend le télésiège et décolle. « Hell yeah ».

Sauf que ces chaussures de ski me coupent la circulation du sang, je ne sent plus mes pieds et mes tibias ne m'ont jamais fais aussi mal. Brouillard dominant, entre souffrance, perdition et bonheur, je rie et pleure de mélange. Je m'arrête au milieu de la piste de ski, tentant de ne pas me faire emboutir par les skieurs. Je dé-serre mes chaussures, sentant mon sang retrouver mon pied puis respire en expulsant cette souffrance à la con.

Partout autour, ces merveilles d'arbres, j'en aurai bien ramené un à la maison dis. D'étranges stalactites, d'ingénieuses sculptures, un décor fantastique, une lumière magique. Mes yeux brillent et mes pieds souffrent. Toujours encore ces deux pôles n'est-ce pas. Si tout aurait été parfait j'aurai certainement pu faire un arrêt cardiaque d'excitation. Merci douleur de chaussures de merde, pour me ramener bien sur Terre même si visuellement je suis à quelques galaxies de celle-ci.

Après avoir bataillée toutes les 30 minutes avec ma circulation sanguine, je décide de complètement desserrer mes chaussures. Je peux endurer la douleur, mais là, c'était invivable. Alors, pas loin de me foutre en l'air parce que je n'ai plus vraiment le contrôle de mes skis car desserrés, mes chaussures ne tiennent plus grand chose, je me met à skiotter niaisement. T'façon les pistes sont presque plates ici, jolis paysage mais station de merde (déso les gars mais pas ouf en vrai...).

Je me laisse glisser doucement en absorbant ce qui m’entoure, une douce balade féerique.

      Pour la dernière piste, j'me la fais à la bien. Resserre mes chaussures à max afin de faire correctement souffrir mes jambes une dernière fois; monte tout en haut de la station; regarde tout en bas, et fonce. Oh comme j'aime skier. Merci papa de nous avoir tant traumatisés, aujourd'hui j'ai appris à réapprécier, grâce à toi je sais skier. Ce qui fut autre fois source d'angoisse acharné est aujourd'hui source de bonheur à flot. Je dévale la piste comme une furieuse, slalome dignement, sautant presque entre chaque virage, pas loin de m'envoler. Quelques minutes et je rejoins le monde des vivants, descendue à toute allure de mon nuage. 

 

 

SVT - XXXX


L'EXPOSITION

 

27 février 2021 – exhibition

 

      C'est notre dernier jour, aujourd'hui tout le monde travail sur quelques œuvres. Nous préparons une exposition avec tous les objets nous ayant accompagnés durant ce séjour. Mais mes règles arrivent avant le départ, me clouant au canapé. Marguerite eu la brillante idée d'amener une bouillotte en venant, bouillotte que je garda donc pendant de longues heures sur mon ventre. Flo à commencé à installer les objets dehors sur l'interminable chemin menant aux toilettes. Tissus étendus sur le sol pour placer les œuvres dessus, tapis rouge de nos instants tout juste vécus. Je laisse le monde vivre autour de moi, avec cette bouillotte je suis presque bien finalement, décédant sur le canapé, me faisant bercer par les gestes de chacun.

     Ce soir, cocktails en prévision pour notre vernissage. Rien de plus près ici que 40 minutes de voiture pour retrouver de l'alcool. Je me charge donc de cette tache avec joie, le but me plais, mais j'aime également conduire cette petite polo WV.

 

Après mes heures de douce agonie sur le canapé, mon ventre me laisse tranquille pour quelques instants, j'en profite pour enfiler ma petite veste de conductrice et saute dans la polo.

Oh yeah, je vais pouvoir faire exploser les enceintes, conduire sur une interminable route, absorber le paysage. J'aime ça conduire, me transporter sans bouger mes jambes, me laisser glisser accompagnée de musique, appuyer sur l'accélérateur sourire aux coins des lèvres et faire monter la jauge de k/h tout en faisant tourner la roulette du volume sonore au maximum. Les nuages se dégagent pour laisser la place au splendide couché de soleil s'animant alors de milles couleurs dans le ciel. Les rayons viennent faire briller l'atmosphère, je roule et me sent vivante.

J'arrive à Kolari quand dans le ciel, les couleurs s'emballent de plus en plus. Je veux savourer dignement ce merveilleux couché de soleil, spectatrice aux premières loges, attentive et cœur prêt à recevoir le spectacle. Je tourne dans un chemin qui m'inspire, et bingo, un lac, enfin, une blanche étendue dépourvue d'arbres. Je gare la polo et cherche un chemin pour rejoindre le lac. J'ai sauté tellement vite dans la voiture en partant que je ne me suis pas encombré de milliards de vêtement et la neige m'arrive à la taille, merde, pas pratique pour rejoindre le lac là-bas. Je traverse un cimetière, tombes à moitié cachés par la neige. Mais cul-de-sac, personne n'a créé de chemin pour rejoindre ce foutus lac. Je fais demi-tour et en trouve un à moitié déblayé. Je me presse pour ne pas rater le spectacle, mais dans mes foulés enjoués j'en oublie que même si la neige est moins haute sur ce petit chemin, elle n'est pas proche du sol non plus. Alors, un pas sur deux m'enfonçant jusqu'aux genoux, je ne me décourage pas et continue ma course avec entrain. Mon trajet dois lui aussi valoir quelque chose en matière de spectacle. J'avance telle une folle déchaîné depuis mon mètre cinquante, puis disparaît à répétition enfoncée dans la neige, réapparaît, à deux doigts d'encore manger la poudreuse, reprend la course avec confiance, me renfonce, réapparaît, perd l'équilibre, le retrouve. Je m'arrête quelques seconde, finissant par me méfier de ce fourbe chemin qui ne cesse de m'aspirer, place mon pieds tout doucement devant moi et "oh mais merde putain!", la gravité m'aspire à nouveau.

Après cette longue aventure j'arrive au bord du lac, respire parce que ces conneries m'ont tout de même bien essoufflés, puis respire parce que ça en valait vraiment la peine. Le soleil teinte les nuages d'un orange extraordinaire, la lumière est jaune et bleu, un contraste émouvant. Plus le soleil plonge et plus les couleurs changent, l'orange laisse la place au rose et le ciel s'enflamme. Je suis devant cette immensité, me sentant puissante face à la force du naturel, à la beauté de la vie. L'un des plus beaux couché de soleil, mon souffle coupé, je tire mon chapeau et remercie le ciel. Sauf que j'ai pas de chapeau, qu'un pauvre leggings et je commence à m'les geler. Une fois les couleurs estompés et le soleil basculé dans l'autre monde, je rejoins la polo et fait le plein de Gin.

 

Ma mission est d'acheter de l'eau gazeuse et un concombre en plus du Gin. Ca ne sera que plus tard, voyant Flo se torde de rire quand je lui ramena le concombre que je réaliserai que ça n'était en réalité rien d'autre qu'une putain de courgette.

Ceci, that's a zucchini 

- yes a cucumber isn't it what you needed ? 

yes, needed a cucumber but that's a zucchini 

- what the fuck is a damn zucchini ?  

Ne comprenant toujours pas que « zucchini » signifie « courgette » en anglais et très sûre de moi quant à ce faux concombre, après avoir tout de même eu un léger doute quant à sa texture, c'est en buvant le cocktail que Flo s'est essayé à tester que je beugle « mais c'est dégueulasse ce cocktail c'est quoi dedans, une putain de courgette ? ohhhhh.... zuchchini.. zucchini is a fucking courgette? shit I understand now... ». Après coup ils se sont vite rappelés que je n'était certainement pas la meilleure personne à envoyer pour choisir des légumes, god I hate them. Je suis quand même terrible, c'est quoi que je comprend pas avec les étiquettes, la tronche des légumes, les formules de pizza douteuses? Chaque semaine je goutte une aberration culinaire, incroyable.

Je ne recommande donc absolument pas la courgette dans le Gin, une vraie abomination.

      C'est l'heure d'aller à notre exposition. Je renfile ma combinaison de ski faisant le triple de ma taille, avec néanmoins des poches assez grandes pour permettre d'y placer la bouteille de Gin, celle de tonic, et l'eau gazeuse, au choix.

- Hey guys look I am the bar ! 

Nous déambulons le long de notre exposition tel des artistes péteux, baragouinant fichtre conneries sur les objets proposés : un pot servant de cendrier plein de mégots sur un petit bout de carton, sur une serviette à poche « hmm.. yes, we can feel that there is the notion of time over there.. », un carton plein de cannettes de bière : « that is my master piece », « Also about time hum... », la petite peinture d'aurores boréales que je projette fortement de ramener chez moi, et bien d'autres conneries nous ayant intensément servis. L'histoire de nos objets, l'histoire de ce dont nous avons eu besoin, de ce qui nous à permis de survivre, du bois, des bières, des clopes, des serviettes à poches rigolotes, une peinture d'aurore boréales pour y placer ses espoirs, nos dessins, et d'autres. Ces objets sont le reflet de nos moments, de notre histoire. Je nous imagine vus d'en haut, quelques clampins, des copains, une petite touche de lumière au milieu de l'obscurité, seuls et perdus au milieu de nulle part, marchant le long d'une exposition qui n'existe que eux, car ils sont tout ce qui existe en cet instant.

 

       Nous nous préparons pour aller rejoindre le sauna, et c'est encore une fois qu'à poil, sans prévenir, le ciel se révèle, que les aurores se montrent.

Il y en a pleins et elles dansent partout dans le ciel. Je reste dix bonnes minutes à poil dans la neige, encore, admirant le spectacle. Une fois les aurores calmés, je rentre dans le sauna afin me prendre la bouffée de chaleur dont j'ai cruellement besoin, me roule dans la neige en sortant pour me laver, puis me prépare pour aller savourer ce second spectacle au lac en bas de la cabane.

Mon corps réchauffé par le sauna, mon corps le pyjama, je descend à tout allure au lac, et elles sont là, les merveilles. Elles se déploient, se relaient, se cachent puis réapparaissent plus fortes, plus lumineuses, plus colorés. Elles s’étendent depuis un point jusqu'à l'autre, puis se séparent et se dispersent partout dans le ciel maintenant totalement vert. Elle recouvrent le ciel de leur splendeur, je suis petite, vulnérable, et je les aime. Rose, jaune, vert, elles ne jouent plus les timides mais restent gracieuses, elles sont tel un rêve éveillé, farouches, prudes, pureté. Les grandes dames du ciel, rien ne les atteints, pourtant elles me pénètrent si fort. Je m'ouvre à elle et leur chante ma foi.

Elles sont là pour notre exposition, « On n'allait quand même pas vous laisser partir sans vous montrer nos plus belles danses, nous sommes aussi des artistes, vos invités d'honneurs ». Éternellement reconnaissante, ces images seront marqués en moi pour toujours. Je les ai attendus, appelés si fort dans mes rêves, et elles ont finis par venir, plus belle encore que dans mes espoirs, il n'y a pas de nom pour décrire tant de grandeur.

 

Je suis complète maintenant. 

 

 

SVT - XXXX