TOUS CES JOURS

 

14 mars 2021 – tous ces jours

 

 

Je regarde les immeubles qui m’encerclent « home ».

J'ai finis par apprécier leur sévérité, leur fascinante mocheté. Ils n'ont rien pour plaire mais me captivent. D'immenses blocs gris teintés de jaune ou de vert sur les balcons. Des cours les séparent, des arbres au milieu et jeux pour enfants. En bas des bâtiments, des commodités. La mer sur les côtés. Mer qui ressemble plus à une rivière qu'autre chose d'ailleurs, enfin, ou alors juste à une vague blanche étendue où quelques bateaux se sont échoués.

 

Je regarde par la fenêtre et tu ne quittes pas mes pensées. Mes cœurs se mélangent, la distance les mélangent, et chaque jours, mes certitudes se déplacent. La chaleur du passé me préserve ; dehors il neige encore. Mais j'actualise mon histoire, aujourd'hui riche de ce qui m'accompagne. Épanouis dans les velours de l’hiver. Vous ne semblez être plus qu'un lointain songe.

 

L'hiver semble durer pour toujours. La neige ne cesse de tomber. Quand elle paraît fondre et s'en aller, une nouvelle tournée recouvre la bouillasse maronnasse au sol. Une soupe de neige gadoueuse, flaques d'une intéressantes profondeur, profondeur insoupçonné, trahis par mon pas trop confiant et mes chaussures ambitieuses qui s'y plongent alors jusqu'à la cheville, damn it.

Je recommence à prendre la vitamine D que quelques jours de soleil m'avaient semblé pouvoir remplacer. Mais il fait toujours froid et sombre, l'environ toujours aussi blanc, quoi qu'un peu plus marron.

 

La Laponie nous a resserrés, liés telle une nouvelle famille. Heureux de se voir chaque jours, heureux de vivre ces jours ensembles. Pleins de projets, d'idées, le monde semble possible. Ambitions et excitation, rien ne nous résiste; puissants conjointement, The Sokeripalat, notre groupe erasmus.

Je les regardes et ils m'émeuvent. Je vois nos moments comme un film qui finira dans quelques mois, ce qui me donne d'autant plus envie d'enrichir l'histoire, notre histoire, celle de ces jours en Finlande, d'un bout de vie parcourus et découverte ensemble. Notre aventure.

L'école est notre maison, canapés et table de ping-pong, bières dans le frigo.

 

J'ai peur de ne pas assez produire alors je m'acharne avec le métal pour mes sculptures « créer, créer, créer ». Je prend les bouts qui traînes à Levytie et les soudes ensembles, fait grandir le volume sur lequel je travail dans la forme qui m'intéresse, grandir, grossir, s'élargir, j'en rajoute, car je ne veux pas finir l'histoire, préfèrant la laisser en expansion pour toujours. C'est pourquoi je ne considère aucun des travaux que je fais comme finis, je veux leur laisser la liberté de grandir, d'évoluer, de changer. Ils sont mes bases, des outils, des compagnons de vie. Mes œuvres sont la réflexion de me mon énergie.

Je veux tout faire en même temps, prise de cours par ce dernier. Je veux plonger au cœur de ma fascination pour ce qui est possible de créer. Faire vivre de nouveaux objets, mettre au monde des horreurs ou des beautés, des étrangetés. Créer des histoires, des possibilités.

 

Quelque part, déambulant entre ma volonté d'accomplissement et celle du confort, je finis ma dernière cigarette. Cigarette retourné, « cigarette du bonheur ». J'oublie toujours de faire un vœu en la fumant mais garde l'habitude de la retourner en ouvrant un nouveau paquet.

Je glisse sur la note éternelle liant passé présent futur, parfois tombe dans les faussés de ses tourments, puis me raccorde.

 

L'interminable hiver ne m'éteindra pas, je préserve chaque jour la flamme en moi.

J'ai trouvé la source de chaleur, ce qui l'alimente. Alors je la gave, et je brûle, brûle de vie. 

 

 

 

SVT - XXXX


SCULPTURE KITCHEN

20 mars 2021 – Scultpure kitchen

 

L'école est définitivement devenue notre maison. Tout pour s'y plaire, pour y vivre. Les bars ont fermés alors nous restons dans le salon de la cuisine du département de sculpture. J'y fais des siestes trois fois par jour, toujours les même problèmes de sommeil qui ne semblent définitivement pas s'arranger.

 

      Tous les jeudis ; nous faisons des expositions sauvages à Alepa (supermarché).

Pour la première semaine, c'est Flo qui a inauguré le festival en dissimulant un peu partout dans les rayons quelques unes de ses peintures où à l'intérieur se trouve des listes de courses trouvés dans la ville. Cette semaine, Marguerite nous a fais un workshop « how to break an apple », accompagné de fanzines expliquant comment rendre le fait de manger une pomme moins ennuyeux.

Chaque jours un peu plus libres, plus libre de laisser nos idées se concrétiser. Champ de vision étendu sur bien plus de secteurs, petites actions réfléchis, grands gestes spontanés. Plus nous nous découvrons et plus nous explorons le monde avec ses possibles, l'étendu de nos imaginaires réunis, ensemble pour penser plus loin. Liberté de profiter tant que nos jours à Helsinki sont encore là, main dans la main, jusqu'à ce que le retour dans nos pays les fasses se lâcher, « Merci. »

 

      Dimanches ; nous explorons différents lieux abandonnés un peu partout dans Helsinki. Chasseurs d'image délabrés, d'histoires endormies.

Quelque part, au milieu de la forêt que nous rejoignons par un long trajet en métro puis en bus, traversant les horizons d'Helsinki toujours parés d'immeubles plus laids les uns que les autres, nous trouvons un petit village abandonné. Des structures tentant de résister au temps s'écroulent sur elles-mêmes. Quelques maison en bois rongés par le dernier siècle, taggés et brûlés par les humains ayant croisés leur route.

Une pièce contenant un ancien sauna semble résister, nous nous y installons pour quelques instants afin de procéder à notre coffee ceremony. Flo parfume la pièce avec de la résine d'encens éthiopienne afin de nous immerger complètement dans le rituel. La vapeur du café se propage dans la sombre lumière du sauna délabré. Il nous couvre de la neige ne cessant de tomber dehors. Nos présences nous réchauffent, ensembles, nous ne craignons pas le froid. Faux, ça caille grave et la neige est humide, nous sommes trempés.

 

     Hier ; j'ai immortalisé le fameux « reindeer » que Flo et moi ne cessons s'appeler sans raison. Il voulait un tramp stamp, tatouage en bas du dos, avec des bois de renne comme motif. J'ai donc eu l'immense honneur de tatouer pour la première fois un énorme trampstamp reindeer en bas du dos de mon très cher camarade.

 

    Avant-hier ; j'ai pu vivre la riche expérience d'uriner dans mon pantalon.

Journée de travail finis à l'atelier de métal, je m'habille et file. Petit arrêt aux toilettes avant de me battre avec le froid, je ne regarde pas la cuvette, celle-ci étant absolument fermé. Mais quelle est donc cette chaude sensation qui arrive jusqu'à mes mollets ? Noooooooon shiiiit shit shit, et merde putain non pas ça........., et parce que je ne pose pas mes fesses sur la lunette des toilettes pleine de bactéries, je n'ai donc pas eu l'indice m’indiquant que le tout était fermé. Ainsi, la précipitation d'une pressante envie de me débarrasser du liquide ballonnant mon ventre à finis dans mon pantalon. Un vrai film d'horreur. Je tiendrai donc à ajouter que la légende disant que se pisser dessus réchauffe, n'est définitivement pas d'actualité dans les -6 degrés Helsinkiens.

Je marche avec quelques kilomètres d'espaces entre chacune de mes jambes. Au moins, si un lascar veux me palper le cul, j'aurai le bonheur de lui annoncer qu'mon froque est plein d'pisse. Et ouais mon gars, garde tes mains dans ta poche va. M'enfin ici les gens sont civilisés et ne palpent pas les fesses des demoiselles. Tant pis pour ma satisfaction d'humiliation de potentiels connards. L'odeur me suit, je ne peux pas m'asseoir dans le métro bien évidement, je risquerai de répandre un petit peu de moi sur les sièges. 30 douces minutes d’humiliation interne, m'enfin, je pense quand même que je pourrai aussi ajouter cette expérience dans ma liste des choses faites à Helsinki.

Une aventure de plus ?

 

Où sont les gens qui sauvent la vie de chavirer ?

Où sont les sons qui chantent au réveil que tout ira, tout ira pour je n'sais quoi.

Moi j'me réveille le matin et cherche mes esprits éparpillés un peu partout dans les quatre coins de mon lit, dispersés par la nuit.

Toujours des torrents de souvenirs où se noyer juste avant de s'endormir,

une vie qui tourne en boucle.

Je cherche peut être un peu à fuir juste avant de rencontrer mes ambitions aussi,

Tête dans la terre, I'm not there.

Sautillant en préparant de bons moments, installation de nouveaux souvenirs,

j'aurai comme ça,

un peu plus de choses à dire.

J'regarde les faux-amoureux se tourner autour,

j'réfléchie donc à ma vie ainsi qu'à mon vide,

Laissant alors un peu plus de place,

plus de place pour grandir.

Besoin de remuer les souvenirs qui m'émeuvent et me plonger en eux jusqu'à en oublier le présent,

Je suis restée quelques années derrière,

serrant encore les fantômes de mon cœur dans mes bras imaginaires.

 

 

J'ouvre les yeux chaque matin, rien d'anormal. L'atmosphère du quotidien s'installe, le confort se présente  "quelle option souhaitez-vous aujourd'hui ? Maintenant que l'horizon s'est ouvert, le choix s'offre madame."

Je prend le même pont tous les soirs en rentrant, m'offrant la vue sur la mer blanche illuminée de lumière vertes. Elles se reflètent sur la glace qui fond, l'eau liquide qui s'était faite oubliée depuis des mois refait surface.

Petit réjouissement éméché, hier j'ai fumé la marie-jeanne. Yeux plissés et sourire en coin, les bâtiments ne m'ont jamais semblé aussi imposants. Les montres du Nord, des blocs qui attaquent le froid, vous ne m'aurez pas, doivent-ils se dire. En rentrant dans ma cité d'immondes immeubles, je me suis laissée impressionnée, déposant mon respect à leur égard. Certes, vous êtes bel et bien quelque chose. Bonsoir messieurs.

 

 

SVT - XXXX

 

 


Du soleil s'il vous plaît?

21 mars 2021 – du soleil s'il vous plaît?

 

Helsinki fidèle à lui-même, temps gris et flocons de neige. L'hiver ne finira peut-être jamais, je ne cherche plus le soleil. Un jour peut-être, fera-t-il beau et chaud, l'horizon possiblement vert. Allongé sur une pelouse ou sur une plage qui n'est pas recouverte de neige ou de glace. Je sais et ressent qu'à cette heure même, c'est le carnaval de Marseille. J'image tous ces fous tourner déguisés autour du feu, sous ce fameux soleil. Moi, je regarde encore la neige tomber depuis mon lointain pays. Les beaux jours commencent sérieusement à me manquer. Mais j’apprends à apprécier la froideur nordique, c'était là mon choix, et je le vie plus qu'entièrement. Quelle idée d'aller s'les peler pendant six mois dans l'nord bordel, j'veux une île et des cocotiers, des cocktails et trente degrés.

Do you remember the blue sky and the butterflys ?

Mais ce n'est que mon caprice désireux du jour. Je m'y plaît plutôt bien dans cet univers glacial. Faire l'expérience de l'autre côté. Je suis dans son cœur, trois mois présente sur ces terres, mes racines poussent.

 

Quels sont les sens de mes choix ? J'voulais partir là-bas, avoir froid. Maintenant j'suis là et les frissons ne me quittent pas. Ca demande un petit peu de courage, d'affronter un hiver qui ne finis jamais quand on est habitué à lézarder tous les dimanches sur les plages du Sud. Mais d'autres choses apparaissent, la chaleur du soleil se remplace par celle des amitiés, des liens forts. Ici, on ne laisse pas tomber quelqu'un qui trébuche. Vivre ensemble, mais pas trop proches non plus. Distance naturelle pour laisser la place à chacun de grandir dans son monde avec tout de même quelques chemins pour se rejoindre quand la nuit semble éternelle.

Je me languis du futur soleil de minuit qui arrivera sûrement un jour. Pourrais-je en faire l'expérience ? Regarder le froid de loin, tenir le soleil dans mes mains.

Difficile de rester présent, il y a toujours quelque chose qui appelle l'espoir là-bas, ici, on connais déjà. C'est sûrement le problème de ceux qui n'arrivent pas à s'encrer dans ce qui est, cette longue ligne, on la connais. Suffisamment pour ne pas sauter dans les filets de l’inconnu, suffisamment pour se laisser rêver d'une vie fictive. J'voudrai être toujours ailleurs mais ne jamais partir. J'voudrai partir sans ne jamais être ailleurs. Le sens des choix, le sens des rêves et des désirs. Que sont-ils vraiment une fois concrets ? Que valent-ils et que nous apprennent-ils ? Je suis ici et tout est là. Jamais chez moi, constamment là-bas. S'encrer dans le sol.

Quand se sentons-nous chez nous ? Sûrement après quelques années d'explorations d'un endroit et de ce qu'il contiens, avec des repères et souvenirs, regarder l'espace en y revoyant l'histoire que nous y avons créés. Suffisamment de souvenirs dans quelques endroits pour pouvoir se dire, « ici, c'est chez moi ». C'est chez moi parce que j'y ai laissé des temps de ma vie, un peu de mon histoire.

Se sentir chez soi puis partir, pour reconstruire constamment ailleurs, une fois qu'on sais. Je suis ma maison, le monde est ma maison. Suis-je tout ce qu'il faut ? Ne voudrais-je réellement jamais rentrer ? Rentrer nulle part ? Toujours vagabonder dans des terres sans aucuns de mes souvenirs sur ceux-ci ? Est-ce mon histoire, l'histoire des autres ? L'histoire de ceux qui y ont déjà vécus, l'histoire de ceux qui y ont déjà créés ? Sommes-nous connectés ? L'espace des autres peut-il devenir mien ?

 

Étrangère sans maison, je suis ma maison.

Mon tas de souvenirs,

mes fantômes dansant dans la salle d'attente de mon cœur.

Je ne voulais pas les garder ni les renvoyer trop loin,

alors ils sont là, à quelques battements de mon souffle.

Nous voyageons ensemble, le temps et moi.

 

Isn't it the case for everyone ? For everything ? Traveling with time 

 

 

SVT - XXXX


HEALTHYWEEK

22 mars 2021 – Healthyweek

 

C'est lundi, ciel bleu et horizon illuminé. Mon réveil sonne et je me lève. C'est la healthyweek, cette semaine, pas d'alcool, de la productivité et du sport, c'est notre objectif. Alors après m'être décollée difficilement de mon lit, je m'installe au sol pour reprendre les abdos-pompes-gainages que j'avais laissé tomber depuis un bon moment.

 

      Jeudi, ce sera à mon tour de faire une exposition à Alepa Sörnainem alors j'enclenche ma procédure d'efficacité créative. Je veux faire des chaussures-bijoux-casse-gueule-futuristes-robotiques-médiévalo et s'en suit afin de pouvoir déambuler avec dans le supermarché Alepa. Je m’exécute donc à sa réalisation. Passionnée quand je suit mes envies, quand je réalise mes idées.

      Je ne sent pas le temps passer et meule pour polir mes pièces pendant des heures, sentant la poussière de métal picoter dans mon nez, salir mon visage ; je meule, faisant jaillir des morceaux de métal les étincelles de ma motivation acharné. Je m'arrête pour une brève pause lorsque mon bras commence sérieusement à s'alourdir et mon dos sérieusement à se faire sentir.

Je ne réfléchis pas au préalable à la forme finale de mes pièces, je laisse sur le moment les formes venir à moi, se construire dans ma tête, se tordent dans mes mains, s'ajouter sur la structure devenant peu à peu un monstre ne cessant de grossir. Mon problème est sûrement que je ne sais pas m'arrêter, alors au bout de quelques jours je décide simplement de dire « stop ». Puis passe à une autre pièce. Je pense me diriger vers la bonne voie avec ces sculptures. Mercredi, je vais enfin pouvoir faire cuir celles en terre que j'ai produites et les recouvrir en céramique ainsi qu'en raku.

 

Entre fragiles céramiques et métal tranchant, je joue avec les extrêmes qui me fascinent.

Celui qui porte les armures et parures en métal est vulnérable, oppressé sous le poids d'une structure qui le dépasse, obligé de s'adapter, de la et de se comprendre. Mais il est visuellement puissant, portant des formes menaçantes, des formes impressionnantes.

Celui qui regarde ou porte les sculptures en céramique a le pouvoir. Maître de les lâcher au sol, de les briser. Mais trop fragiles pour vouloir réellement les détruire, fragiles à en devenir précieuses. Alors l'objet prend le dessus, et tous ces connards vous dirons qu'on « touche avec les yeux ». Pas d'offense je l'espère, je fais sûrement aussi partie de ces derniers.

 

Et puis il y a mes monstrueux autoportraits, faisant le double, peut être même le triple de ma tête. Regard frontal, foudroyant yeux dans les yeux, quel est le dialogue qui s'instaure ? Quel est la compréhension de celui qui observe ? Qui est celle qu'il fixe ? Regard redoutable pour ne pas laisser s'introduire, entre intimidation et intimité. Les gestes de protections ne signalent qu'un amas pudeur a protéger en dessous. Mes autoportraits veulent effrayer, mais mes textes laissent s'introduire. Qui a le pouvoir ? Mes sculptures menacent, mais ceux qui les portent sont vulnérables. Le visuel explose quand l'intime se cache. 

 

 

SVT - XXXX


AU REVOIR HIVER

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    27 mars 2021 – au revoir hiver

     

     Réveil enfariné après une belle soirée autour d'un barbecue très correct.

    Quelques bébés rennes et des canards nous ont tenus compagnie ainsi que de vrais bières après une semaine de bières sans alcool.

    Après la digestion, nous nous rapatrions dans le camping-car de Flo nommé Karin. J'entre enfin dans une de ces fameuses maison mobiles, moi qui en rêve depuis toute petite.

    La Finlande semble réaliser mes rêves les uns après les autres. Mon ventre se tortille d'excitation, j'aime ma vie.

    Un peu serrés à 6 dans ce petit camping-car, mais finalement avec assez d'espace pour savourer la soirée. Nous faisons de la musique tel des enfants déchaînés avec tous les objets que nous trouvons, stroboscope en fond pour nous plonger dans d'incroyables effets épileptiques.

Marguerite, Flo, David et moi restons dormir dans Karin étrangement bien faite malgré sa petitesse pour héberger dignement quatre personnes. Sacré Karin...

 

Et quelques douceurs passés resterons dissimulés entre les lignes. I knew it ; tendresse revigorante, yeux dans les yeux, plongeant dans la profondeur de l'être, petit cœur battant, je me réveille en souriant. 

 

Au réveil nous déblayons la neige devant la caravane. Je tente d'évacuer les bières ingurgités en me faisant transpirer, déblaye et déblaye, la neige voltige pour s'écraser quelques centimètres plus loin. Aujourd'hui, nous faisons une nouvelle terrasse devant la caravane de Flo. Je sautille partout avec des yeux eppanouis, je sent que je vais aimer cette journée.

 

Nous prenons le café sur le ponton qui longe la mer blanche. Sa couverture s'enfonce peu à peu dans l'eau qui appelle à sa libération. Bientôt, nous pourrons la revoir s'agiter, reprendre le pouvoir et laisser son mouvement se faire voir. Elle s'échappe peu à peu de sa prison que le soleil fait fondre.

L'hiver s'estompe, les degrés remontent, le soleil se montre.

Il était beau, cet hiver, il était puissant. Il nous a bercés et couverts, il nous a fait frissonner et admirer, mis face à la grandeur du froid nordique. Il nous a fait marcher sur la mer et s'enfoncer dans la neige; il nous a fait regarder les flocons danser sous la lumière des réverbères et nous a fait rêver dans son long sommeil.

Nous avons pu faire l'expérience de la densité glaciale, celle qui fait geler la bière qui reste plus de 20 minutes à l'air libre, celle qui endors l'horizon et hiberner les gens. C'était beau, fort.

Mais assez de la neige, il est temps de lui dire au revoir, de la laisser fondre pour faire renaître les couleurs et les bourgeons. Printemps, nous t’attendons, laisse nous renaître.

 

Tous à bord de Karin, nous la faisons vrombir, puis la laissons nous bringuebaler dans la ville pour rejoindre l'école et y récupérer du matériel afin de construire cette fameuse terrasse. Tout gigote à l'intérieur et nous avec, posés sur les canapés à l'arrière, je regarde la route. Je sent mes rêves de petites fille monter dans ma gorge et faire briller mes yeux. J'suis dans un putain de camping-car !

Véhiculer sa maison avec soi et la déposer n'importe où, que rêver de mieux ? Que de cette absolue liberté ? Vivre et se déplacer en même temps, yeux contemplatifs face aux paysages qui défilent, allongé dans le confort d'une vie transportable.

 

Nous faisons un sot vers un hôtel abandonné afin d'y récupérer du matériel en plus pour la construction. Face à la mer, nous allons y passer un moment et l'écouter fondre tranquillement. Le soleil nous réchauffe, nous sommes heureux. Heureux de dire au revoir à l'hiver après qu'il nous ait généreusement emmitouflés.

 

Plus les heures passent et plus je sent que mon manque de sommeil m'emmène vers un état second, mes bières remontant à chaque virages que Karin prend avec enthousiasme.

Une fois arrivés au camping, j'essouffle mes dernières forces en déblayant la neige qui continue d'obstruer la terrasse, puis m'en vais mourir dans le confortable matelas du camping-car. J’entends Flo et Marguerite se questionner sur la forme à donner au paravent, je me fais bercer par le son de la construction qui se déploie à l'extérieur. Je dors dans une maison mobile, l'idée m'émeut, puis je me laisse plonger des les limbes de mon sommeil, enveloppée d'un chaleureux sentiment.

A mon réveil, la terrasse est là, des morceaux de bois forment une construction qui permet d'y porter une bâche nous couvrant du ciel, le soleil se couche et l'atmosphère brille.

Une vie de rêve, des vacances infinis, du bonheur à flot. Nous ne nous arrêtons pas de nous surprendre, de nous aimer, de composer ensemble notre voyage menant à une merveilleuse mélodie.

J'achète de bonnes bières pour inaugurer la nouvelle terrasse, puis nous faisons un autre barbecue.

 

Dehors jusqu'à minuit, je rentre quand les degrés commencent à dégringoler et ma fatigue à me faire tomber. Cette journée valait un vrai 10/10. Nous sommes en printemps. 

 

 

XXXX - SVT


LUMIERE D'OR

 

31 mars 2021 - Lumière d'or

 

La neige a presque totalement fondu, la mer pas loin de retrouver sa forme liquide. La végétation jusqu'alors étouffée sous les kilos de poudreuse respire à nouveau. « Y'en a des trucs là dessous ». Les mouettes se sont remises à chanter, une odeur marine se déploie dans ma cité d'affreux immeubles. Espace comme isolé, encerclé par la mer qui le longe, une plate-forme face à l’infini.

L'atmosphère change, le temps prend bien de la place dans ce pays. C'est lui qui règne et qui régis le quotidien des hommes, de leurs actions. Le temps est puissant, il est tout ce qui est. Quand il neige les humains dorment, puis quand il se réveille, chacun sors doucement de sa tanière, réapprenant à vivre dehors.

Un nouveau chapitre s'ouvre, celui des bourgeons. Je n'ai que quatre couches d'habits. Des petites couches. Légères, presque dansante sous cette légèreté, puis quand j'en oublie que le printemps Helsinkien n'est définitivement pas l'été, me remmitoufle de chaudes couches d'habits, car il ne fais que 6 degrés. Ravalant mon excitation beuglant "summeeeeeeeer", non, nous n'y somme pas tout à fait.. 

 

De nouveaux sentiments m'accompagnent dont je ne sais que faire, où les placer. Stimulants mais encombrant, mes mains tremblent. A mi-chemin de mon aventure, de nouveaux horizons se présentent. Suggérés implicitement au par-avant, se concrétisant par la délicatesse du temps.

Comment vais-je faire pour repartir ? Quelques jours de çà, je pensais déjà à mon retour. Aujourd'hui, je sent que je ne veux pas lâcher trop vite ces terres qui m'hébergent.

Quand la tempête se calme une autre apparaît. Celle des projets à venir. Fous de nos imaginations, depuis trois mois, The Sokeripalat créent ensemble. Un collectif, collectif d'idées.

 

Les animaux aussi sortent leurs petites truffes. 8 degrés et je plisse les yeux.

 

 

SVT - XXXX